Il est inacceptable qu'une seule infirmière ait à s'occuper de 175 résidants d'un CHSLD, convient le ministre de la Santé, Gaétan Barrette devant le constat accablant d'un coroner chargé d'élucider le décès d'un patient à qui on avait, par erreur, inoculé une surdose d'un puissant narcotique.

Ce constat « n'est pas acceptable. On est dans les ratios au Québec pour ce qui est des infirmières de nuit par patients. Manifestement, il y a des centres où le travail est mal organisé. Celui-là en est un, c'est clair », a réagi le ministre Barrette devant le reportage de La Presse + publié jeudi.

« Ces CHSLD ne sont pas la cinquième roue du carrosse du système de santé. Il faut traiter les gens avec la même attention qu'on porte aux patients dans des grands hôpitaux universitaires ou on pratique des interventions complexes », a-t-il poursuivi.

En Chambre, le député péquiste Dave Turcotte a relevé qu'en juin dernier, la Commission des services sociaux proposait déjà dans un rapport unanime « d'évaluer les ratios minimums dans les CHSLD du Québec ». Pour lui le ministre Barrette, devrait « prendre ses responsabilités et imposer le ratio ».

Le ministre Barrette rappelle la conclusion de la coroner, qui observait en toute fin de son rapport que le patient « était mort de manière naturelle. On doit rassurer la population sur ce point ».

Au Québec, les ratios d'infirmières par patient sont conformes aux normes, « mais ce n'est pas homogène, il y a des endroits où c'est moins bon », a répliqué M. Barrette. « On veut tourner cette page, on fera bien sûr de sorte que les ratios soient adéquats partout », a-t-il ajouté.

Mais le ministre Barrette a vite fait glisser l'échange dans l'ornière partisane. Le gouvernement péquiste aurait pu imposer ces ratios, le ministre de la Santé à l'époque Réjean Hébert « était même un spécialiste de la gériatrie. Les ratios d'aujourd'hui existaient aussi sous le Parti québécois ». « C'est une question de leadership que vous auriez pu assumer, que je vais assumer », a-t-il lancé.

Pour la coroner Mélanie Laberge, confrontée à de multiples urgences, la professionnelle « surchargée » s'est trompée dans le dosage d'un puissant narcotique injecté à René Bélanger, 50 ans, en soins palliatifs. Son syndicat dénonce une surcharge de travail et montre du doigt les décisions du ministre de la Santé. La mère du défunt tire les mêmes constats : « Ça n'avait plus de bon sens le manque de ressources. » Le système de santé, lui, jure faire de son mieux. La coroner ne blâme pas l'infirmière. Le problème est ailleurs, selon elle.

La coroner Laberge abonde dans le même sens : « la cause principale des erreurs ce soir-là semble être la surcharge de travail ».