Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) estime avoir respecté la loi québécoise sur l'aide médicale à mourir en transférant d'unité son seul patient ayant réclamé une telle pratique.

Une politique du CUSM faisant en sorte que l'aide médicale à mourir ne soit pas pratiquée dans l'unité de soins palliatifs, mais plutôt dans d'autres unités du grand hôpital anglophone montréalais, avait fait bondir le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui jugeait «presque enfantine» la position de certains médecins du CUSM.

Le CUSM a affirmé, lundi, que personne n'avait agi de façon «enfantine» et a rappelé la longue tradition de l'unité de soins palliatifs de soulagement des douleurs et de soutien psychologique «avec les meilleurs intérêts des patients à coeur».

«L'une des craintes d'offrir ce service dans l'unité des soins palliatifs est que les patients ne se sentent pas en sécurité, et qu'il y ait déjà un sentiment que leur mort est précipitée du fait qu'ils se retrouvent dans notre unité», a affirmé devant les médias le Dr Manuel Borod, directeur du service de programmes de soutien et de soins palliatifs du CUSM.

Malgré tout, l'établissement a tenu à dire, lundi, qu'elle réévaluait tous les aspects de sa politique sur les soins de fin de vie, comme le prescrit la loi. Elle le fera en tenant compte de ce seul cas de demande d'aide médicale à mourir - remontant à avril - et des réflexions de longue date du grand hôpital sur la question.

Dans une lettre transmise le 29 juin au président-directeur général du CUSM, M. Barrette en appelait au respect de la Loi concernant les soins de fin de vie. Le fait que des patients de l'unité de soins palliatifs soient orientés vers d'autres unités pour recevoir l'aide médicale à mourir contrevient à l'esprit et à la lettre de la loi, estimait le ministre, qui y voyait le travail d'un groupe de réfractaires.

Le Dr Olivier Court, président du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du CUSM, a fait valoir, lundi, que tous les patients répondant aux critères pouvaient recevoir l'aide médicale à mourir à l'intérieur des murs du CUSM.

«C'est une procédure nouvelle pour tous les médecins québécois. Le CUSM réévalue sa politique en continu. On a eu le cas de ce patient qui a été transféré des soins palliatifs à une autre unité de soins du CUSM pour recevoir l'aide médicale à mourir. Ça nous a poussés à réévaluer ça au début avril, et c'est un processus qui est en cours», a fait valoir M. Court.

Le CUSM a souligné que le patient et ses proches avaient consenti au transfert pour la procédure et étaient «bien reconnaissants» que cela se soit déroulé «sans délai».

M. Court a aussi dit que le «débat» entourant la politique démontrait que certaines «clarifications sont requises», et a affirmé que le CUSM allait «améliorer» sa politique selon l'expérience acquise au cours des six premiers mois de sa mise en Å"uvre.

Un autre élément décrié par M. Barrette qui sera réexaminé dans la politique actuelle du CUSM est l'obligation d'avoir été admis au CUSM «dans les 18 mois précédant la demande pour la même condition médicale motivant la demande d'aide médicale à mourir». Tout en disant que la réévaluation était en cours, M. Court a évoqué une formulation différente, affirmant que le patient doit être «connu» du CUSM au préalable et avoir été «vu quelque part dans les 18 mois précédant la demande».