Impressionné par la rémunération de certains médecins, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, appelle la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) à une «réflexion» sur les grilles tarifaires et leur gestion.

Il n'y a pas de justification à ce qu'un médecin gagne autant, a-t-il dit en prenant l'exemple de l'Ontario où les revenus exorbitants de certains spécialistes ont fait l'objet de reportages.

Le ministre réagissait à un article de La Presse révélant qu'un obstétricien-gynécologue avait facturé plus de 2,4 millions à la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) en 2015. On y apprend que les 25 médecins les mieux rémunérés au Québec l'an dernier sont tous des spécialistes et le total de leur rémunération atteint près de 50 millions.

«Ce sont des montants évidemment spectaculaires», a reconnu Gaétan Barrette en point de presse avant d'entrer à la séance du caucus des députés libéraux, mercredi matin. Il a fait remarquer qu'il s'agissait de médecins pratiquant la fécondation in vitro, ce qui prouve à ses yeux que ce programme coûtait cher.

Le ministre a néanmoins tenu à ajouter un bémol en précisant que ce sont des spécialités comportant une «composante technique», c'est-à-dire des «coûts d'opération» qui pouvaient atteindre 40 % à 75 % quand elles sont effectuées en cabinet.

«Ça fait quand même des montants qui sont impressionnants (...), très, très élevés», a-t-il dit, et qui démontrent que le rattrapage salarial par rapport aux confrères des autres provinces est fait, selon lui.

Cependant, Gaétan Barrette lance un message à la FMSQ, qui devrait se pencher sur les grilles tarifaires et la gestion de la rémunération, puisqu'il s'agit de sa prérogative. Il se demande si certains membres de la profession médicale ne choisissent pas exclusivement les pratiques les plus payantes, sans avoir un profil de pratique diversifié, ce qui n'est pas permis.

«C'est à elle de faire ce ménage-là s'il y a un ménage qui est nécessaire et on va lui laisser faire sa réflexion», a-t-il laissé entendre. Il a suggéré que des plafonds avaient été mis en place, du temps où il était lui-même président de cette fédération.

Il a rappelé qu'en Ontario la question se posait aussi, puisqu'un ophtalmologiste avait facturé 6,6 millions à l'État en un an, ce qui a déclenché une controverse dans cette province.

«À un moment donné, est-ce qu'il y a une justification à ce qu'un médecin gagne des montants aussi élevés? En ce qui me concerne, la réponse, c'est non», a-t-il dit.

Pour sa part, Amir Khadir, de Québec solidaire, a dit que ces chiffres étaient «proprement scandaleux». Il a appelé à une réforme du mode de rémunération des médecins.