Le Dr Marc Forget est revenu, la semaine dernière, d'un séjour de sept semaines en Guinée, où il a soigné des patients atteints du virus Ebola avec des équipes de Médecins sans frontières. Plongé au coeur de «la plus grosse épidémie d'Ebola de l'histoire», qui a fait 670 morts jusqu'à maintenant, le médecin affirme que «nul ne sait quand tout va s'arrêter».

«On est devant l'inconnu total. L'épidémie est d'une telle magnitude qu'on ne sait pas ce qui va se passer.»

Le médecin Marc Forget, qui travaille normalement dans le Grand Nord québécois et pour plusieurs projets humanitaires, a affronté pour la première fois le virus Ebola sur le terrain au cours des dernières semaines. En Guinée, il a constaté l'ampleur de l'épidémie. En plus de ce pays, le Liberia et la Sierra Leone sont touchés. Un cas a même été enregistré en fin de semaine à Lagos, au Nigeria, ce qui fait craindre une recrudescence. Un médecin du Liberia est mort dimanche, et un médecin et une infirmière américains ont contracté la maladie.

Devant l'ampleur de l'épidémie, Médecins sans frontières a lancé des appels à l'aide au cours des dernières semaines. «On aimerait que d'autres organisations viennent nous aider sur le terrain. Après le tsunami en Indonésie, 3000 ONG s'étaient déplacées. Mais là, on est pas mal seuls sur le terrain», note le Dr Forget. Il reconnaît toutefois que le virus Ebola «fait peur», ce qui pourrait expliquer la frilosité des organisations d'aide.

Premier contact

«Au départ, la maladie est non spécifique. Elle ressemble à une grippe. Puis, le virus se multiplie. Tellement que plusieurs patients ont des atteintes neurologiques. Ils deviennent confus. La plupart meurent d'un choc ou d'une atteinte neurologique sévère», explique-t-il.

Il n'existe pas de traitement pour la maladie. «On donne des antibiotiques, des vitamines, des solutés, en espérant que le système immunitaire du patient finira par prendre le dessus», affirme le Dr Forget. Il mentionne également que le virus est «démocratique» et touche autant les jeunes que les vieux, les hommes que les femmes.

«Le virus génère beaucoup d'insécurité et de peur. Où j'étais, en Guinée, il y a plusieurs villages de 150 habitants qui sont tous isolés. Chaque fois qu'on arrivait dans un village, il fallait expliquer ce que l'on faisait et sensibiliser la population. On perdait beaucoup de temps. Il y a un réel besoin de sensibilisation de masse», note-t-il.

Mais comme l'explique le Dr Forget, l'épidémie touche des pays pauvres, aux ressources limitées, qui ne peuvent mettre en place des systèmes d'information efficaces en peu de temps.

Durant son séjour en Guinée, le Dr Forget reconnaît qu'il a eu peur. Surtout cette journée où il a commencé à se sentir malade. «J'espérais que je ne l'avais pas. Mais j'ai toujours suivi les protocoles. On a une façon de s'habiller. Une façon de se déshabiller. On se fait tellement asperger de chlore à longueur de journée qu'on finit par sentir la piscine. J'étais bien protégé.»

Le Dr Forget prévoit une autre mission avec Médecins sans frontières à l'automne, vraisemblablement encore auprès de patients atteints de l'Ebola.

Image tirée d'une vidéo de Médecins Sans frontières

Marc Forget

Danger pour le Canada?

Le printemps dernier, le cas d'un voyageur arrivé en Saskatchewan et qu'on croyait atteint de l'Ebola a fait la manchette au Canada. Ce cas s'est finalement avéré négatif.

Questionné à savoir si le virus pourrait apparaître ici, le Dr Marc Forget se fait rassurant. « Avec les transports aujourd'hui, il y a bien entendu des risques de voir arriver un voyageur infecté. Mais la qualité des services de santé publique canadiens mettrait rapidement fin à la maladie. Le virus ne saute pas sur les gens. Il faut être en contact avec des fluides corporels. La population pourrait être sensibilisée rapidement et les gens infectés, rapidement isolés. »