Un ménage s'impose dans les hôpitaux pour favoriser l'accès aux médecins spécialistes. Le futur ministre de la Santé devra s'y attaquer en priorité, presse la nouvelle présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la Dre Diane Francoeur.

La situation s'est dégradée dans les hôpitaux, affirme-t-elle. Pour respecter leur budget, les hôpitaux pratiquent des coupes. Résultat, les plateaux techniques ne sont pas disponibles, des chirurgies sont reportées, des examens diagnostiques sont retardés.

Les spécialistes se retrouvent constamment à devoir choisir entre deux priorités. «Il ne faudrait pas qu'on en arrive à un point où l'on est obligé de jouer à la courte paille pour déterminer qui est le plus malade de deux patients», raconte la Dre Francoeur en entrevue à La Presse.

Ancienne présidente de l'Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, puis vice-présidente de la FMSQ, elle est la première femme à accéder à la présidence de la fédération. Elle succède au Dr Gaétan Barrette, qui a fait le saut en politique et qui est maintenant pressenti comme futur ministre de la Santé.

La Dre Francoeur entend faire des conditions d'exercice des médecins spécialistes l'une de ses priorités. «Moi, je score à 100% quand j'ai tous mes outils pour travailler.»

Un ménage est donc nécessaire. Il faut améliorer l'efficacité du réseau et utiliser ses ressources au maximum pour améliorer l'accès, croit-elle.

Il y a quelques années, la FMSQ a entrepris une tournée des blocs opératoires avec le ministère de la Santé pour en améliorer l'efficience. L'exercice avait donné de bons résultats. Il mérite d'être répété et étendu à d'autres secteurs, affirme la présidente.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Diane Francoeur

Les élus devront aussi avoir le courage de revoir la pertinence de certains soins et, surtout, d'en informer la population. Dans le cas d'un test Pap, par exemple, les normes dictent qu'il soit fait tous les trois ans et non pas chaque année, souligne la Dre Francoeur.

Hausse de la rémunération

La rémunération des médecins viendra aussi en tête de liste des discussions avec le nouveau gouvernement libéral. De 2006 à 2015, la rémunération des médecins aura bondi de 68%.

Cette entente négociée avec Québec visait un rattrapage salarial pour combler l'écart avec les autres médecins du Canada, rappelle la Dre Francoeur. Mais dans un contexte budgétaire difficile, cette hausse historique, qui comprend aussi des primes pour la présence à des réunions et des mesures fiscales, a fait l'objet de vives critiques au cours des dernières semaines.

«Ces montants étaient prévus. Ils sont connus depuis qu'on les a négociés, et on essaie de faire croire aux gens qu'on arrive et qu'on vide la banque. On n'a rien vidé», déclare la Dre Francoeur.

La FMSQ se montre toutefois disposée à négocier. Le gouvernement Marois voulait étaler le montant restant de la hausse sur deux ans. «On est toujours ouverts quand les gens veulent négocier de bonne foi.»

Pour l'heure, plusieurs dossiers sont toutefois en suspens, et c'est problématique. De nouvelles mesures d'accès devaient entrer en vigueur le 1er avril, mais comme l'application des hausses salariales a été reportée en raison de la campagne électorale, ces nouvelles mesures ne seront pas effectives avant le mois de juin, si tout se déroule comme prévu.