Qu'il soit transformé en CHSLD, en logement social ou qu'il reste un hôpital, l'Hôtel-Dieu doit à tout pris demeurer dans le giron public. Voilà le message porté par des élus, des groupes citoyens et le syndicat des travailleurs du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) qui ont formé une coalition aujourd'hui pour «sauver» l'Hôtel-Dieu d'une vente à un promoteur privé.

Ce printemps, le conseil d'administration du CHUM et l'agence de la santé de Montréal ont tour à tour pris la décision de se départir de l'édifice patrimonial construit en 1861 et dont la fondation coïncide avec celle de Montréal. Cette vente servira à financer la construction du nouveau CHUM au centre-ville, qui doit accueillir son premier patient en 2016.

«C'est inconcevable qu'un bâtiment d'une telle valeur patrimoniale et historique soit vendu au privé pour en faire des condos. Je ne comprends pas comment un gouvernement qui rêve de faire du Québec un pays peut le laisser aller», a affirmé Françoise David, porte-parole de Québec solidaire et députée de Gouin.

Son collègue Amir Khadir, député de Mercier, et la candidate à la mairie, Louise Harel sont deux autres élus qui font partie de la coalition lancée par le syndicat des travailleurs de l'hôpital, affilié à la CSN.

Le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal, qui représente plus de 350 groupes communautaires, Comité citoyen de Milton-Parc, Action solidarité Grand Plateau et l'Association Portugaise du Canada sont les autres groupes qui en font partie.

Réunis dans le jardin des religieuses de l'hôpital ce midi, les membres de la coalition ont signé une déclaration commune devant quelques centaines d'employés de l'hôpital. Louise Harel était cependant absente en raison de l'arrestation du maire de Montréal. 

Autres vocations potentielles

Les membres du groupe proposent différentes nouvelles vocations pour l'édifice.

Pierre Daoust, président du syndicat des employés du CHUM a souligné que plusieurs unités ont été rénovées au cours des dernières années dont l'hémodynamie, unité coronarienne, les soins intensifs et l'unité des grands brûlés.

«L'Hôtel-Dieu pourrait garder une vocation hospitalière en se spécialisant, par exemple, dans les soins en cardiologie. Il y a eu des investissements majeurs au cours des dernières années pour acheter des équipements. C'est insensé de s'en débarrasser», a-t-il déclaré.

L'Hôtel-Dieu n'est pas un bâtiment vétuste. Une autre proposition des membres de la coalition serait d'en faire un CHSLD.

«Il manque énormément de lits en soins prolongés à Montréal. Ça nous permettrait de désengorger les urgences qui sont pleines parce que des lits sont bloqués par des personnes âgées en attente d'hébergement», a expliqué Amir Khadir qui est également médecin. «Une autre idée serait d'ouvrir des lits postopératoires pour les chirurgies d'un jour», a-t-il ajouté.

L'idée de construire des logements sociaux a aussi été évoquée.

Le sort des deux autres hôpitaux qui composent le CHUM est également connu. Notre-Dame deviendra un hôpital communautaire d'au moins 300 lits desservant l'est de Montréal, avec une mission complémentaire «urbaine» visant des populations aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale. L'établissement aura aussi des urgences de taille importante.

Quant à l'hôpital Saint-Luc, rue Saint-Denis, il sera entièrement démoli pour faire place aux consultations externes et aux locaux administratifs du futur mégahôpital.