Le plus grand syndicat infirmier du Québec demandera aujourd'hui à la ministre de l'Emploi, Agnès Maltais, d'ouvrir une enquête sur les contrats accordés aux firmes privées de placement d'infirmières à Montréal. La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) souhaite que Québec scrute la gestion et la supervision de l'agence de la santé de Montréal dans tout le dossier de la main-d'oeuvre indépendante, qui coûte beaucoup plus cher que les infirmières du réseau public.

En juin 2012, le ministère de la Santé a émis une directive disant que la rémunération journalière offerte à la main-d'oeuvre indépendante ne devait pas excéder celle offerte à un employé du réseau.

La FIQ a remis aux médias hier une lettre que la présidente-directrice générale de l'agence a fait parvenir à l'époque au sous-ministre de la Santé pour exiger une dérogation de trois ans, affirmant que Montréal pourrait se retrouver en «rupture de services».

«Si on rémunérait la main-d'oeuvre indépendante selon les échelles du réseau, les entreprises ne feraient pas leurs frais et n'auraient plus de revenus pour leurs propriétaires, écrit-elle. De plus, les régions autour de Montréal ont déjà procédé selon ces dispositions, ce qui entraînerait une pénurie aiguë de main-d'oeuvre dans la région de Montréal.»

La directive du ministère est aujourd'hui lettre morte. La FIQ s'insurge aujourd'hui que la PDG de l'agence défende les intérêts des propriétaires de ces firmes.

Taux horaires variables

Le syndicat a aussi remis aux médias hier un document qui rapporte la différence colossale du taux horaire chargé par la même agence d'un établissement à l'autre et par les différentes agences pour les mêmes établissements. Par exemple, le taux horaire demandé pour un même groupe d'établissements peut passer de 48$ à 92$, selon l'agence. Une agence peut aussi soumettre un taux horaire qui varie jusqu'à 30$, selon les territoires où les établissements sont situés sur l'île.

Les chiffres proviennent de l'appel d'offres pour la région de Montréal que l'agence a transmis à la FIQ.

L'agence de la santé de Montréal n'a pas voulu réagir hier et n'a pas été en mesure d'authentifier les documents remis aux médias.