Québec semble avoir enfin trouvé la bonne voie pour coordonner les efforts de lutte contre le cancer.

Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a présenté mardi, à l'hôpital Charles-LeMoyne de Longueuil, le Plan directeur de lutte contre le cancer ainsi que le Plan d'action qui présente plus d'une soixantaine d'objectifs que le ministre espère voir se réaliser d'ici deux ans.

«Je suis un gars pressé, a déclaré le ministre lors de la conférence de presse. Je trouve que les patients qui vivent avec le cancer n'ont pas de temps à perdre. Il faut qu'au niveau du ministère, des régions, des établissements, on se grouille pour être capables d'améliorer les services. Ça presse parce que les patients doivent combattre le cancer et on doit être à leurs côtés.»

Il ne s'est d'ailleurs pas excusé de tenir un «langage guerrier» en matière de lutte contre le cancer, bien au contraire. «Je pense que c'est un combat. Je pense que c'est une guerre à finir que les patients doivent livrer», a-t-il dit.

Les actions qui seront posées par le ministère seront axées notamment sur les besoins des patients plutôt que ceux des professionnels et gestionnaires du réseau, l'accès approprié à l'investigation et au traitement, le dépistage, la détection et l'intervention précoce et, surtout, la coordination des efforts et des multiples acteurs impliqués, incluant le milieu communautaire.

Une des premières mesures consistera à mettre en place le Réseau de cancérologie du Québec afin de regrouper et partager l'expertise des régions et des professionnels impliqués pour assurer une meilleure fluidité entre les différentes étapes du diagnostic et du traitement d'un patient.

Le registre national du cancer, qui est en voie d'implantation, mais dont la facture finale se fait attendre depuis très longtemps, devrait aussi être complété durant cette période.

Fait à noter, tant la Coalition priorité cancer que la Société canadienne du cancer, qui se sont toujours montrées très critiques face aux efforts de Québec en la matière, ont très bien accueilli les initiatives présentées par le ministre.

«Ça correspond vraiment à ce que la Coalition priorité cancer demande depuis 2001, a indiqué sa présidente, Nathalie Rodrigue. Maintenant, il faudra voir quel pouvoir aura la Direction québécoise de cancérologie pour s'assurer que ces objectifs se transposent sur le terrain, qu'il y ait des réalisations, des moyens de mesurer et des moyens d'intervenir si des objectifs ne sont pas atteints.»

Suzanne Dubois, directrice générale de la Société canadienne du cancer, abondait dans le même sens, tout en maintenant un certain scepticisme.

«Il y a une volonté de transparence qui est rafraîchissante, a-t-elle indiqué. Cependant, j'ai des préoccupations: faire beaucoup sans argent frais réellement, en dedans de deux ans... Il faudra mettre l'emphase sur les groupes communautaires comme la Société canadienne du cancer parce que nous avons beaucoup de services à offrir à coût beaucoup moins élevé et le système nous oublie.»

À ce sujet, le ministre Hébert a effectivement soutenu que la démarche ne nécessitera que des investissements modestes puisqu'il s'agit avant tout de cesser les dédoublements, de partager des expertises et de ne plus gaspiller de temps et d'argent dans les dédales de la gestion.

Il a rappelé, toutefois, que le réseau ne part pas de zéro, loin de là. «Il y a déjà beaucoup d'argent (dédié au cancer) dans le réseau. Ce plan va nous permettre d'être plus efficients. Avec le même argent, nous sommes capables d'être beaucoup plus efficaces et de traiter plus de patients et de les traiter dans des délais beaucoup plus courts.»

Il a fait valoir que même là où il faudra de l'argent additionnel, comme pour les tests et l'imagerie par exemple, il ne sera pas nécessaire d'ouvrir les vannes.

«Il y a des investissements qui ne sont pas considérables qui permettraient à plusieurs établissements d'augmenter de façon importante le nombre d'examens qui sont réalisés, comme l'élargissement des plages d'ouverture. (...) Avec les équipements qui sont déjà disponibles au Québec, on peut voir plus de patients», a dit le ministre Hébert.

Il a toutefois rappelé qu'il y a effectivement des sommes nouvelles investies, invoquant par exemple l'ajout d'un demi-million de dollars pour la confection du nouveau registre, l'annonce récente d'une injection de 7 millions $ pour le dépistage du cancer colorectal et une addition de 12 millions $ dans une série d'autres mesures très ciblées en cancérologie.