Alain Cousineau, nouveau président du conseil d'administration du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), a eu droit à tout un comité d'accueil en ouvrant sa première séance, lundi soir. Une trentaine d'infirmières cliniciennes se sont présentées à la rencontre pour s'insurger contre la décision de l'établissement de santé universitaire de ne pas payer d'heures supplémentaires majorées après la semaine normale de 36,25 heures.

Ces infirmières pratiquant dans les services de consultation externe ou dans des unités de médecine de jour, par exemple en oncologie et en néphrologie, doivent actuellement travailler 40 heures avant d'être rémunérées à taux et demi. Ailleurs, comme au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, des infirmières bénéficient d'un taux majoré à partir de 36,25 heures, ce qui fait craindre au syndicat du CHUM des départs dans un contexte de pénurie criante de personnel en soins.

C'est l'une des infirmières cliniciennes du CHUM, Francine Ouimet, qui a mis le mouvement en branle auprès du conseil d'administration au nom de ses consoeurs. Elle a expliqué à la nouvelle mouture du conseil d'administration, formé d'une vingtaine de membres, que les infirmières cliniciennes qui travaillent ailleurs que dans des services ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, doivent elles aussi accomplir des heures supplémentaires pour assurer la sécurité des patients, combler un congé, assister à des réunions ou faire des suivis téléphoniques.

Le président du conseil d'administration du CHUM, Alain Cousineau, ne s'est pas montré fermé aux demandes des infirmières cliniciennes, mais il n'était pas en mesure de prendre un engagement clair. «Je prends acte de ce que vous avez signifié, a-t-il dit. Je suis sensible à ce que vous avez expliqué, et je vais soumettre la question aux autorités compétentes.»

Selon le président syndical (SPSS-FIQ) représentant les infirmières du CHUM, Guy Brochu, la majoration des heures supplémentaires coûterait environ 70 000$ à l'établissement. «Les infirmières dans cette situation ne représentent qu'un petit groupe, a-t-il affirmé. Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce n'est pas payant actuellement pour une infirmière qui fait une demi-heure supplémentaire.»

En vertu de la dernière convention collective négociée avec le gouvernement, les heures supplémentaires à taux et demi ne s'appliquent qu'après une semaine de 40 heures aux infirmières cliniciennes dont le service n'est pas dit «24/7». À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, devant la pression des infirmières visées par cette mesure, la direction a cependant consenti du temps majoré aux infirmières du service d'hémodialyse.

«Il faut comprendre que les infirmières en clinique externe ou en médecine de jour subissent la même pression que les autres, estime Mme Sylvie Boulet, présidente de syndicat (FIQ) à Maisonneuve-Rosemont. Elles ne refuseront pas de laisser un patient en oncologie qui pleure sous prétexte que leur journée de travail est finie. C'est un combat pour nous de parvenir à ouvrir les yeux de la direction sur leur réalité.»

À la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), on rappelle que les négociations ont échoué à ce sujet lors du renouvellement de la convention collective. Les syndicats ont cependant réussi à négocier une remise en temps pour une durée équivalente aux heures supplémentaires.