Les patients atteints d'un cancer auront accès à «plus de médicaments et plus rapidement», a assuré le ministre de la Santé, Yves Bolduc, ce matin, devant la Coalition priorité cancer du Québec. Et les oncologues auront un rôle d'avant-plan dans les décisions. Mais il reste à savoir «quand», puisque le ministre n'aime pas s'aventurer dans les échéanciers, a-t-il lui-même rappelé.

«Un patient atteint d'un cancer, et à qui son médecin dit qu'il a besoin de prendre un médicament, devrait pouvoir l'avoir», a résumé le ministre. Sans dévoiler les conclusions d'un rapport coût-efficacité des médicaments, présentement sous analyse à Québec, Yves Bolduc a annoncé qu'il y aura bientôt des «dérogations» pour certains médicaments, sans toutefois les quantifier.

Afin d'y parvenir, le gouvernement a l'intention de dorénavant s'appuyer sur un comité d'experts en oncologie avant de rembourser ou non un médicament au Québec, pas seulement sur le Conseil du Médicament, entité devenue Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESS). Et, a-t-il ajouté, une sorte de consortium sera créé en collaboration avec les différents chercheurs en cancer de la province pour obtenir des recommandations.

De passage à Montréal, ce matin, Yves Bolduc a tracé un portrait plutôt rose des réalisations du Québec en matière de lutte contre le cancer, à commencer par la mise en place prochaine du registre sur le cancer. «On aurait pu le faire plus vite, c'est vrai, mais il faut bien faire les choses. Le registre c'est un investissement de quatre millions, a-t-il rappelé. On a des priorités. Et je ne connais aucun registre à ce jour qui soigne les malades.»

Conditions gagnantes

Le ministre Bolduc a donc parlé des «conditions gagnantes» qu'il faut mettre en place avant que le registre passe d'un projet pilote à quelque chose de permanent au Québec. Il faut notamment s'assurer que les hôpitaux puissent absorber le nombre plus grand de demandes pour des coloscopies, a-t-il dit.

Très conscient des temps d'attente, le ministre a vanté les délais de quatre semaines et moins pour des chirurgies ou des traitements en radiothérapie. Au passage, il a salué les avancées de la médecine nucléaire au Québec comparativement au reste du Canada. Très au courant des démarches devant les tribunaux intentées par des spécialistes du CHUM pour mettre un frein à une fusion entre le département de médecine nucléaire et la radiologie, il a dit qu'il s'agissait d'une «décision d'établissement», et qu'il n'avait pas l'intention de s'y ingérer.

Yves Bolduc a enfin renouvelé son intention d'ouvrir des lits en soins palliatifs dans toutes les régions du Québec, et de développer les soins à domicile. «Il faut un lit par 10 000 personnes», a-t-il dit.

La Coalition priorité cancer au Québec a pour sa part rappelé son désir de collaborer avec le gouvernement, et d'être partie prenante des décisions. Le président, Dr Pierre Audet-Lapointe, a salué l'intention du ministre de s'entourer d'oncologues dans le choix des médicaments, mais il est déçu que les patients n'aient pas leur mot à dire.