Deux mois seulement après être entré en vigueur, le programme de procréation assistée couvert par le Régime de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) subit les effets pervers de son succès, a rapporté jeudi Radio-Canada.

La demande est tellement forte pour le programme que les médecins chargés de la fécondation ne pourront bientôt plus offrir leurs services gratuitement.

Les spécialistes responsables de la fécondation ont tellement reçu de couples que la moitié d'entre eux atteindront leur plafond de rémunération semestrielle dès novembre. Pourtant, seulement 430 des 3500 interventions de fécondation in vitro prévues pour 2010 et 2011 au Québec ont été réalisées.

Certains médecins pourraient décider de quitter le système public pour aller pratiquer au privé.

«Naturellement, les spécialistes ne vont pas continuer à travailler gratuitement. À partir de là il y a deux possibilités: on arrête de travailler et on prend des vacances, ou bien on se désaffilie, on se désengage de l'assurance maladie du Québec», dit le président de l'Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, Robert Sabbah.

La situation fait en sorte que de novembre à janvier, la dizaine de fertologues de la clinique OVO pensent donc retourner au privé.

Les patientes seront donc aussi confrontées à un choix: attendre encore plus longtemps ou payer.

«Ce serait un manque majeur dans la promesse qui a été faite, parce que, quelque part, on nous dit c'est un système gratuit puis, oups, on a mal calculé nos affaires», se désole Josée Goupil, une patiente de la clinique OVO.

Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, Gaétan Barrette, était persuadé que le programme allait connaître ce genre d'ennuis. Selon lui, on est peut-être allé trop vite et ajoute que c'est au gouvernement de corriger la situation.

C'est le gouvernement qui, par son plafond, impose une pause dans la procréation médicalement assistée.

Le ministre de la Santé du Québec, Yves Bolduc, promet d'intervenir. «Ce sont des choses qu'on va ajuster. Les couples vont continuer à recevoir les services», assure-t-il.

Si les médecins de la clinique OVO retournent au privé, il n'y aura plus que trois cliniques au Québec qui offriront le service gratuitement.