Un groupe en faveur d'un programme d'échange de seringues dans les pénitenciers fédéraux affirme que le taux d'infection au VIH y est comparable à celui de certains pays africains.

Le Réseau juridique canadien VIH/sida a rappelé mercredi qu'un sondage mené par le Service correctionnel du Canada en 2007 avait déterminé que le taux d'infection au VIH était 15 fois plus élevé en prison fédérale que dans la population dans son ensemble.

Le rapport produit à partir de ce sondage évalue à 4,6 pour cent le taux d'infection au VIH dans les pénitenciers.

«Lorsque nous découvert la prévalence d'infection au VIH, nous avons été abasourdis par le taux de 4,6 pour cent», a admis mercredi Sandra Ka Hon Chu, une analyste du Réseau juridique canadien VIH/sida, dont le siège se trouve à Toronto.

«Il s'agit de la nouvelle réalité avec laquelle nous devons composer», a-t-elle ajouté.

Mme Ka Hon Chu est d'avis que le taux d'infection au VIH dans les pénitenciers est comparable à celui observé dans plusieurs pays de l'Afrique sub-saharienne.

Le rapport a également conclu que le taux d'infection à l'hépatite C dans les prisons fédérales s'élevait à 31 pour cent, soit 39 fois plus élevé que celui noté en société.

Les prisonnières, plus particulièrement les femmes autochtones, sont également infectées au VIH et à l'hépatite C de manière disproportionnée, selon le rapport.

Des groupes de pression exigent donc du gouvernement fédéral la mise en place d'un programme d'échange de seringues dans les pénitenciers pour freiner la contamination au VIH et à l'hépatite C, qui peuvent être contractés par le partage de seringues.

Selon le Réseau juridique canadien VIH/sida, environ la moitié des détenus interrogés ont admis avoir partagé des aiguilles ou des seringues pour s'injecter de la drogue.

Le groupe estime que la propagation du VIH et de l'hépatite C dans les pénitenciers pourrait être freinée grâce à un programme d'échange de seringues.

Mme Ka Hon Chu a affirmé que les résultats avaient été positifs en majeure partie dans les pays qui disposaient de tels programmes.

Selon elle, les Canadiens ne veulent pas avoir le sentiment d'avoir échoué en mettant en place des programmes permettant aux prisonniers de s'injecter de la drogue.

«Mais les études ont démontré que là où les programmes existaient (...), il n'y avait pas d'augmentation de la consommation de drogue ou de l'injection, a-t-elle fait valoir. Il y a en fait un recul (de l'utilisation) des seringues et des aiguilles et une augmentation de suivi de programmes pour le traitement de la dépendance à la drogue.»