Yves De Koninck et une équipe de chercheurs viennent de franchir un pas de plus vers la mise au point d'un nouveau traitement visant à combattre la douleur chronique. Le scientifique est aussi le récipiendaire du prix Jacques-Rousseau 2013. Il est notre Personnalité de la semaine.

Professeur titulaire au Département de psychiatrie et de neurosciences à l'Université Laval et directeur fondateur du Réseau québécois de recherche sur la douleur du Fonds de recherche Santé Québec, Yves De Koninck vient d'être nommé directeur scientifique de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec (IUSMQ). Le chercheur y travaille depuis 13 ans.

Cette nomination survient quelques jours après l'annonce d'une découverte importante entourant le fonctionnement et le traitement de la douleur chronique, bien que les deux nouvelles n'aient aucun lien entre elles.

Dans un article paru dans la revue Nature Medicine, Yves De Koninck et 18 autres chercheurs annoncent qu'ils ont identifié le mécanisme à l'origine de la douleur chronique, un «dérèglement cellulaire» qui pourrait être corrigé.

«Nos recherches attribuent ce dérèglement à la perte d'une protéine de certaines cellules nerveuses logées dans la moelle épinière, précise le scientifique. Cette protéine pomperait des ions chlorures vers l'extérieur des cellules nerveuses. Chez les personnes souffrant de douleur chronique, cette pompe inverserait le flux des ions, ce qui aurait pour cause de surexciter les neurones de la moelle.»

L'équipe est parvenue à restaurer le fonctionnement de ces cellules par l'administration d'une molécule conçue à cette fin. Mais cette dernière est rapidement dégradée par l'organisme, ce qui la rend inutilisable pour un futur usage thérapeutique. D'autres molécules semblables ont déjà été identifiées et des discussions avec une entreprise pharmaceutique sont en cours afin d'amener les travaux à l'étape suivante.

C'est un pas de plus dans l'élaboration d'une nouvelle classe de médicaments pour soulager la douleur chronique. «Nous sommes très loin des analgésiques qui viennent endormir la douleur. Parallèlement, nous effectuons d'autres recherches sur la première molécule, qui pourrait s'avérer utile dans le traitement de maladies comme l'épilepsie, l'autisme et la schizophrénie», ajoute le professeur De Koninck.

Créer des ponts

Le scientifique vient de remporter le prix Jacques-Rousseau 2013, remis par l'Association francophone pour le savoir (Acfas). L'organisation souhaitait souligner la réalisation de ses travaux multidisciplinaires, «qui ont dépassé son domaine de spécialisation et qui ont nécessité la création de ponts novateurs entre différentes disciplines».

«C'est vrai que j'ai une certaine facilité à rassembler des gens issus de domaines différents. Vous savez, on parle souvent de vulgarisation pour le grand public, mais on doit souvent faire la même chose entre nous. Il faut réussir à trouver un langage universel compris par tous les intervenants qui participent aux travaux.»

Malgré ses nouvelles fonctions, le directeur du centre de recherche de l'IUSMQ compte bien poursuivre activement ses recherches. «Je me dois de donner l'exemple et l'Institut se porte plutôt bien. Nous sommes en période de croissance, nous allons bientôt tripler la superficie de notre espace de travail. En termes de qualité, le Québec est une des premières puissances mondiales en matière de recherche sur le fonctionnement du cerveau. Et il faut que ça continue.»