Les grandes figures de la prochaine génération de décideurs émergent au grand jour. François-Philippe Champagne, qui n'a pas 40 ans, est de ceux-là. C'est dans le cadre du Forum économique mondial, tenu à Davos, en Suisse, au printemps, qu'il a été choisi pour figurer dans la très sélecte liste des Young Global Leaders (Jeunes chefs de file du monde).

Chaque année, un comité de sélection de 31 leaders de médias internationaux, présidé par la reine de Jordanie, Rania Al Abdullah, choisit parmi près de 5000 candidats de tous les pays un groupe de personnes de moins de 40 ans appelées à jouer un rôle déterminant dans le monde.

François-Philippe Champagne, né à Shawinigan, avocat de formation, a mené jusqu'ici une carrière internationale digne de mention. Il occupe à Londres le poste de directeur du développement stratégique et des acquisitions de l'importante firme de génie-conseil AMEC.

La Presse et Radio-Canada nomment ce jeune leader Personnalité de la semaine.

Valise à la main

Dans cette liste prestigieuse de 230 jeunes leaders de la cuvée 2009, on trouve Tiger Woods et sa fondation ainsi que Samantha Nutt, deWar Child Canada. «Cette nomination m'a donné une piqûre d'énergie», avoue François-Philippe, joint à Londres. Du Collège Laflèche de Trois-Rivières, où il a obtenu en 1989 son diplôme en administration des affaires ; de la fin de ses études en droit en 1992 à l'Université de Montréal et l'obtention d'une maîtrise en droit à l'Université Case Western Reserve de Cleveland, le jeune avocat n'a eu qu'un projet, celui d'aller travailler dans le vaste monde, «pour ouvrir mes horizons».

C'est en Ohio, engagé par une entreprise italienne, qu'il entreprend son périple. Il est muté en Italie, où il travaillera de 1994 à 1999. Puis il est embauché par ABB en Suisse, où il deviendra vice-président et conseiller principal. À noter qu'il est toujours le plus jeune partout où il passe.

Depuis 2007, en tant que membre du comité de direction d'AMEC, l'avocat change de voie: «J'ai eu envie de passer à autre chose.» Il ajoute: «J'ai été chanceux dans la vie, jusqu'ici.»

Qu'il arrive de Chine, de Suisse, de Jordanie, d'Amazonie ou du Pérou, le monde ouvre grand son coeur et son esprit. «Trop souvent à l'étranger pour les affaires, je voyage plus intelligemment maintenant. J'apprends à comprendre mieux les préoccupations et façons de vivre d'ailleurs, à réfléchir sur les solutions. Il n'y a rien de tel que le terrain pour voir les choses de l'intérieur.»

Et parmi ces choses qui lui semblent essentielles, il y a l'attachement à son propre pays, le Canada. Il n'a pas oublié un voyage de pêche récent dans le Grand Nord: «On se rend compte à l'étranger de la chance et des richesses que l'on possède.» Un message qu'il compte bien livrer un jour, lorsqu'il reviendra, posera sa valise pour de bon à Shawinigan ou ailleurs et entreprendra le deuxième versant de sa vie : l'engagement politique.

«La chose la plus importante peut-être que les voyages m'ont permis d'apprendre, c'est ce que vivent les hommes et les femmes des communautés culturelles qui viennent s'établir chez nous. C'est avec cette empathie que j'ai réussi mes meilleures négociations.»

L'ambition positive

L'un des moteurs de sa réussite professionnelle est sans doute sa grande ambition, qu'il voit comme source d'action. «Il faut cesser d'avoir peur. On doit se faire confiance et ne pas craindre les défis pour réaliser son potentiel.»

Il répète souvent que les succès des uns devraient faire le bonheur des autres. «On doit apprendre à célébrer nos succès d'équipe et être fiers dans la communauté des réussites des autres.»

Il a travaillé, au début, dans l'entreprise Bionest, dirigée par son père, Gilles Champagne, dont il est toujours membre du conseil d'administration. Il est l'aîné d'une famille de trois enfants. «On est très proches les uns des autres «, dit-il avec une vague nostalgie dans la voix.

«C'est important, ce sentiment d'appartenance à la famille, aux amis, à une communauté. J'ai passé les 15 dernières années sur les routes du monde. Une vie comme celle que j'ai choisie n'a pas que ses bons côtés, reconnaît-il. Cette décision implique beaucoup de travail et de sacrifices. Je dis cela à ceux qui croient que cette vie ne comporte que des aspects glamour.»

Marié puis divorcé durant sa période italienne, il est capable d'assumer une certaine solitude. Il lit beaucoup, surtout à bord des avions. Il se tient à l'affût des courants de pensée, des nouvelles tendances, et s'est découvert une passion pour le design.

Il exerce son leadership depuis qu'il est petit, dans tous les milieux où il s'engage. Alors parmi ses nombreux projets d'avenir, avec la maturité qui s'installe, il y a celui de redonner.