Depuis 10 ans, des milliers de jeunes filles ont participé à la journée Les filles et les sciences: un duo électrisant!, qui vise à attirer plus de candidatures féminines dans des secteurs souvent considérés, à tort, comme rebutants. Cette initiative est l'oeuvre de Nathalie Beaudry.

Le plus souvent, elles n'y pensent même pas. Elles ne se doutent pas que, peut-être, au fond d'elles-mêmes sommeille une ingénieure, une biologiste ou même une informaticienne. En deuxième et troisième secondaire, les filles ont à peine 14 et 15 ans. Et c'est pourtant déjà l'heure de choix importants pour la suite de leurs études.

 

Les filles et les sciences: un duo électrisant! est un projet qui a germé il y a 10 ans dans l'esprit de Nathalie Beaudry, alors responsable de l'embauche universitaire pour le service de l'exploitation du réseau de Bell. Devant le faible taux de candidatures féminines lié à une perception erronée du monde des sciences, elle a décidé d'agir pour renverser la vapeur. Avec la complicité de femmes ingénieures et responsables de ressources humaines ainsi que la participation de l'École polytechnique et de l'École de technologie supérieure, elle a mis sur pied cette journée d'ateliers en milieu universitaire, qui reçoit chaque année pas moins d'un millier d'adolescentes à Montréal, Rimouski, Sherbrooke et Québec. Les intervenants du milieu scolaire et les parents participent aussi au projet.

Pour cette oeuvre de démystification et d'éducation, Nathalie Beaudry a été choisie Personnalité de la semaine par La Presse et Radio-Canada.

Bell de A à Z

La chef divisionnaire adjointe, planification stratégique et approvisionnement du réseau (ouf!), chez Bell depuis 19 ans, a été jusqu'en 2007 responsable des opérations et de la gestion de personnel. Nathalie Beaudry est une femme d'équipe. Chaque fois qu'elle évolue ou s'oriente différemment sur le plan du travail, elle ne perd jamais de vue l'aspect humain.

Maintenant, c'est la mise en place d'un système informatisé des services partagés à l'exploitation du réseau qui la passionne. Les câbles, les poteaux, c'est le coeur. Les télécommunications, la haute vitesse, tous les projets concernant le réseau, énumère-t-elle, enthousiaste. Sa fierté vient aussi des résultats encourageants de ses initiatives. En effet, parmi les filles qui suivent aujourd'hui un parcours scientifique au secondaire ou au collégial, les ex-participantes à la rencontre Les filles et les sciences sont deux fois plus nombreuses que les autres (31,3% contre 16,5%).

Persévérante, elle n'abandonnera pas de sitôt ce projet, qui lui tient vraiment à coeur. «Pour embaucher la perle rare, on va dans les écoles. L'entreprise a un rôle à jouer dans la relève. Le système d'éducation ne peut pas tout régler», dit-elle, convaincante.

Sa nature profonde lui dicte de poser les questions importantes quand il s'agit de régler un problème. Et l'action. Les petits pas dans la bonne direction. «Je ne veux pas leur faire un lavage de cerveau, mais j'ai envie de dire aux filles ce que ça fait, une ingénieure. Alors qu'elles veulent toutes être utiles à la société et y jouer un rôle, on doit leur montrer que les sciences, ce n'est pas de rester enfermée dans un laboratoire. Qu'il y a de multiples facettes aux sciences.»

Des modèles

Ne jamais baisser les bras, trouver des solutions, c'est choisir de ne pas se plaindre et d'agir. Elle reconnaît que, il y a quelques années, en son temps de célibat sans enfant, ses tests psychométriques faisaient état d'éléments à développer, telle l'empathie, sans pour autant amoindrir ses qualités de leadership. «Depuis que j'ai des enfants, je suis la mère de tout le monde», confie-t-elle. Sa tendresse pour les enfants comporte sa zone d'équilibre, où pragmatisme et sensibilité font bon ménage. Simon et Alexis, des jumeaux de 8 ans, et Emma, la petite dernière de 3 ans, sont au coeur de sa vie et l'émeuvent chaque jour. Elle s'est retrouvée elle aussi dans la tourmente des femmes qui travaillent et ont des enfants. «Un jour, j'ai pris conscience qu'on ne peut pas être parfaites partout, qu'on n'est pas seules à pouvoir donner le meilleur. Un enfant profite tout aussi bien des autres, amis, professeurs, parents d'amis, qui, chacun à leur façon, contribuent à les faire grandir. Il faut déléguer, lâcher prise. La famille. La tribu. Leur présence est essentielle pour conserver une bonne santé mentale.»

Née à Joliette, elle vient d'une famille de quatre enfants où elle occupe le deuxième rang. C'est important de le dire. «J'aurai 40 ans en 2010. Je ne m'en fais pas puisque j'ai pour modèle ma grande soeur, qui me précède en tout et m'ouvre la voie.»

Une partie de sa jeunesse s'est passée à Pointe-aux-Trembles, où elle a appris de ses parents, en affaires, la vie en société, donc le respect des autres, le travail et, plus important encore, la persévérance.

Son leadership de rassembleuse dans sa vie professionnelle déteint sur sa vie familiale, axée sur le bonheur et le bien-être des siens, de ses amis, souvent en leur sucrant le bec puisqu'elle excelle en pâtisserie. La table familiale est pour elle, comme chez Bell, le lieu stratégique par excellence des relations humaines.