Le nouvel archevêque de Montréal, Christian Lépine, a déjà participé à la controversée «marche pour la vie» qu'organise depuis 1998 le mouvement pro-vie canadien. Mais il ne sait pas encore s'il s'y rendra en mai.

«Ma priorité, c'est le diocèse», a expliqué Mgr Lépine ce matin, en marge de sa première conférence de presse. «J'aime bien la marche, c'est très calme. On sent le respect des autres. Mais c'est sûr que c'est inégal, il y a aussi des passionnés.»

Le cardinal Marc Ouellet, quand il était archevêque de Québec, était le seul de ses confrères québécois à se rendre à Ottawa.

Une allocution donnée par Mgr Ouellet à un congrès pro-vie à Québec en 2010, où il avait qualifié l'avortement de «crime moral», avait suscité la controverse, tout juste avant sa nomination comme préfet de la Congrégation pour les évêques à Rome.

Le nouvel archevêque montréalais, qui était accompagné du cardinal Jean-Claude Turcotte, a aussi abordé la controverse qui a entouré en 2009 des conférences données dans sa paroisse à Repentigny, au sous-sol de l'église. Les conférences portaient sur le «développement du potentiel hétérosexuel» des enfants que leurs parents soupçonnaient d'être homosexuels et comportaient des témoignages d'ex-homosexuels.

«L'Église ne rentre pas dans le débat sur les causes de l'orientation sexuelle, a dit Mgr Lépine. Elle peut accompagner les homosexuels et le premier but est de les accompagner là où ils sont. On ne veut pas forcer qui que ce soit. Ce qui m'a intéressé, c'est que des gens ayant un style de vie homosexuel et en ont souffert on trouvé une force de vie en Jésus-Christ.»

Mgr Turcotte a présenté sa démission en juin dernier à son 75e anniversaire, comme le prévoit le droit canonique. Mgr Lépine, qui a 60 ans et a été ordonné prêtre en 1983, a été nommé évêque auxiliaire de Mgr Turcotte en juillet dernier - il est en fait son secrétaire particulier depuis cet été.

Ce processus rappelle la nomination du successeur de Mgr Ouellet à Québec : un évêque auxiliaire, Gérald Cyprien Lacroix, avait été nommé gestionnaire intérimaire lors du départ de Mgr Ouellet, en août 2010, puis archevêque en février 2011.

Le cardinal Ouellet est maintenant responsable du choix des évêques partout dans le monde.

Après des études en théologie et en philosophie, Mgr Lépine a été curé dans une paroisse montréalaise dans les années quatre-vingt, puis professeur et membre de la direction au Grand séminaire dans les années quatre-vingt-dix.

Il y a fait la connaissance de Marc Ouellet, alors recteur, et aujourd'hui préfet de la Congrégation pour les évêques au Vatican, qui est responsable du choix des évêques. Il a passé ensuite deux ans au Vatican, avant d'aller à Repentigny.

Il est connu comme un champion de la «théologie du corps», développée par Jean-Paul II comme réponse à la révolution sexuelle.

«Jean-Paul II a dit que le corps fait partie de la vocation à l'amour, a dit Mgr Lépine. Quand on se dévoue pendant une catastrophe, quand on donne de l'affection, c'est avec notre corps. C'est un don. Mais le corps peut aussi saisir, prendre, manipuler, contrôler l'autre. Le don, c'est de se présenter avec les mains ouvertes. Pour donner et pas seulement prendre. Sur la place publique, ça peut sembler étonnant. Mais ce qui est le plus étonnant, c'est que ceux qui en ont le plus soif, ce sont les jeunes. Je ne peux pas dire s'ils vont faire ce que leur suggère la théologie du corps. Ils sont renvoyés à leur propre liberté.»

Jean-Claude Turcotte a renchéri. «Je suis émerveillé par la théologie du corps. Il fallait toujours rajouter des chaises pour les conférences. Ça n'arrive pas souvent à l'église. Combien de parents parlent de sexualité à leurs enfants? Quand on sépare la sexualité de l'amour, ça mène où? Si on sépare les deux, il y a des souffrances épouvantables. Et même des suicides. Parce qu'on n'a pas appris que la sexualité, ce n'est pas comme se brosser les dents.»