Les jeunes qui cherchent à sortir de la maison pour s'affranchir de papa et maman peuvent de nouveau se réfugier au centre commercial pour flâner entre amis à Trois-Rivières.

La direction du Carrefour du Cap avait annoncé qu'elle ne voulait plus voir de jeunes de moins de 18 ans dans ses galeries marchandes, à moins qu'ils ne soient accompagnés d'un parent adulte.

Or, jeudi matin, la firme Brigitte Chabot Communications a publié un communiqué signalant que cette mesure était retirée et que le Carrefour du Cap s'excusait d'avoir eu recours à cette mesure temporaire sans considérer l'impact auprès des jeunes et de leurs parents.

Le communiqué ajoute que la police de Trois-Rivières, la commission scolaire du Chemin-du-Roy et le Carrefour du Cap se rencontreront le 7 mai pour trouver une stratégie de résolution concernant l'escalade de méfaits au centre commercial.

Selon la police de Trois-Rivières et la commission scolaire locale, le centre commercial avait opté pour cette mesure à la suite de plaintes de commerçants. Ces marchands soutenaient que des élèves de deux écoles secondaires du voisinage prenaient d'assaut le centre commercial à l'heure du dîner et perturbaient les activités.

Le porte-parole de la police de Trois-Rivières, Luc Mongrain, a confirmé que des agents étaient intervenus une dizaine de fois l'an dernier au Carrefour du Cap pour des plaintes concernant des jeunes qui troublaient la paix.

Mais selon M. Mongrain, le taux de criminalité à ce centre commercial n'est pas plus important qu'ailleurs à Trois-Rivières, même si les élèves y sont effectivement nombreux.

« Il n'y a jamais eu de problème majeur, c'est plus pour demander aux jeunes de se disperser ou de quitter les lieux, souligne le policier. Tous les centres commerciaux font des plaintes pour du vol à l'étalage et celui-ci n'est pas plus visé qu'un autre. Ce n'est pas un problème majeur pour nous. »

D'après un rapport publié en 2016 par le gouvernement du Québec, les adolescents âgés entre 12 et 17 ans sont trois fois plus susceptibles que les adultes d'être accusés de crime contre la propriété, comme le vol ou le vandalisme, même s'ils demeurent responsables que d'une minorité de tous les crimes commis contre la propriété chaque année.

À la Commission scolaire du Chemin-du-Roy, la porte-parole Anne-Marie Bellerose a soutenu que les plaintes ne visaient qu'une poignée d'adolescents, et pas la vaste majorité des élèves.

« Les élèves savent comment bien se comporter et ils sont de bons clients aussi », a commenté Mme Bellerose.

Porte-parole de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Meissoon Azzaria ne souhaite pas commenter ce cas précis, mais elle affirme qu'il serait discriminatoire d'interdire l'accès à un lieu public à quelqu'un en raison de son âge.

La Charte des droits et libertés de la personne du Québec garantit l'accès aux lieux publics à toute personne, ce qui inclut les entreprises, les restaurants et les hôtels, selon Mme Azzaria.

« Un lieu public qui interdirait l'accès à un groupe de personnes uniquement en fonction d'une caractéristique personnelle (par exemple, parce qu'ils sont jeunes), serait contraire au principe de la charte », a précisé la porte-parole dans un courriel.