Deux villages des Laurentides viennent de recevoir des mises en demeure de l'Association des pêcheurs sportifs du Québec qui les accuse de leur restreindre l'accès à des lacs à truites. Selon le groupe, les règlements municipaux, qui incluent notamment des droits de navigation élevés, sont des interdictions déguisées.

Barkmere et Ivry-sur-le-Lac ont jusqu'au 19 janvier pour répondre aux avocats du groupe de pêcheurs. 

Le dossier est complexe : les règles de navigation sont de compétence fédérale, mais les accès physiques appartiennent aux villes et sont gérés par des règlements municipaux. 

Depuis une dizaine d'années, de nombreuses municipalités ont changé leurs règlements et tarifs, explique Stéphan Bourgeois, président de l'Association des pêcheurs sportifs du Québec qui dénonce notamment le manque d'accès au fleuve Saint-Laurent. Certaines municipalités ont aussi adopté des heures d'ouverture incompatibles avec la pêche sportive, explique Stéphan Bourgeois, qui invoque le droit public de naviguer. 

Selon lui, sous des raisons environnementales, les municipalités veulent simplement garder les plans d'eau pour leurs résidants. 

« Je crois que c'est un prétexte pour garder leur petit château pour eux », dit Stéphan Bourgeois.

Le directeur général par intérim d'Ivry-sur-le-Lac, Martin-Paul Gélinas, confirme que le règlement a été mis en place pour protéger le lac Manitou des espèces envahissantes, notamment le redouté myriophylle à épi, une plante aquatique qui envahit de nombreux lacs québécois. Mais toujours pas le lac Manitou. « Pas encore », précise Martin-Paul Gélinas qui explique qu'afin de ne pas être inondée de non-résidants, la Ville a imposé des frais d'accès quotidien de 500 $. « Personne ne vient », précise-t-il. 

« ILS VEULENT NOUS FAIRE PEUR »

Il y a 700 contribuables à Ivry-sur-le-Lac, entre 150 et 200 résidants permanents. Barkmere est une plus petite municipalité encore : 650 personnes l'été, mais entre 40 et 50 résidants permanents, explique le maire Luc Trépanier, joint à Montréal où il a son emploi principal. 

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'Association a ciblé deux si petites municipalités, explique Luc Trépanier, plutôt que Saint-Sauveur ou Mont-Tremblant. « Ils veulent nous faire peur », dit-il. À Barkmere, les frais imposés aux non-résidants pour naviguer sur le lac des Écorces varient selon la force du moteur. 

Pour 60 $, un pêcheur qui a une embarcation de moins de 25 chevaux peut passer la journée sur le lac. Le prix inclut le stationnement et la décontamination. Car le lac a eu un problème de myriophylle, contrôlé maintenant. « Les municipalités ont le devoir de protéger les lacs du Québec », précise Luc Trépanier. Le tarif grimpe pour les bateaux imposants, qui sont davantage utilisés par des plaisanciers que par des pêcheurs, précise le maire de Barkmere. 

Ni l'une ni l'autre des municipalités ne compte répondre dans les délais prescrits, pour des raisons administratives.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, archives La Presse

Les règles de navigation sont de compétence fédérale, mais les accès physiques aux lacs appartiennent aux villes et sont gérés par des règlements municipaux.