Furieux de voir retarder le projet de construction d'une gare de train de banlieue, Mirabel a décidé de mener une campagne publicitaire contre le gouvernement. Après avoir exigé que la Ville retire ses affiches, le ministère des Transports doit maintenant composer avec une mise en demeure et une intervention policière.

Depuis quelques jours, trois grosses affiches d'un bleu éclatant ont été installées près des principaux axes routiers de la municipalité. On peut y lire: «Le gouvernement du Québec dit NON à la gare de Mirabel». Ces panneaux sont l'idée du conseil municipal, affirme Bernard Poulin, directeur des communications à Mirabel, en riposte à la décision de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) de reporter à une date indéterminée la construction de la gare.

Or, selon le ministère des Transports (MTQ), ces «affiches ne respecteraient pas le Code de la sécurité routière». Il affirme également qu'un des panneaux n'est pas installé sur le terrain de Mirabel. Le MTQ a donc envoyé une lettre à la Ville indiquant qu'il procéderait à leur retrait.

Le MTQ mis en demeure

Une démarche dénoncée par la Ville. «Les policiers se sont même rendus sur les lieux pour dire aux gens du MTQ que contrairement à ce qui a été dit, nous sommes chez nous et vous ne faites rien aux panneaux», a expliqué Bernard Poulin.

En riposte, la Ville a envoyé vendredi une mise en demeure au MTQ les sommant de ne pas toucher aux affiches. «Nous avons demandé un avis juridique pour le moment, après avoir reçu la mise en demeure de la Ville, explique Isabelle Gagné, porte-parole du MTQ pour les Laurentides. Nous n'avons rien contre le message de l'affiche: c'est vraiment une question de sécurité routière», martèle-t-elle.

Attaché de presse du ministre des Transports Sylvain Gaudreault, Alexandre Banville s'interroge sur la démarche adoptée par la Ville à l'encontre du gouvernement. «On invite la Ville à faire preuve de modération», a-t-il demandé.

Résolution d'appui au MTQ

La construction d'une gare à Mirabel est prévue depuis 2006 par l'AMT. Toutefois, de profondes dissensions locales sur l'emplacement de la gare et sur le stationnement incitatif freinent le projet. Au point que l'AMT a décidé, pour le moment, de «mettre le projet sur la glace», confirme Claudia Martin, porte-parole de l'Agence.

Pour la Ville, la députée provinciale de Mirabel serait un des éléments de cette dissension. «Ce n'est pas moi qui ne suis pas d'accord avec l'emplacement choisi par la Ville: il y a plein de gens qui ne sont pas d'accord», explique Denise Beaudoin, souhaitant des études indépendantes par des experts afin de connaître le meilleur site pour la gare.

Dans une résolution adoptée le 8 juillet dernier, le Conseil s'en remet au MTQ pour faire avancer le dossier. Il se dit d'ailleurs prêt «à collaborer au plus haut point avec les autorités responsables» et «requiert le soutien de la députée de Mirabel», lit-on. Une action que remet en question la députée. «C'est contradictoire avec les panneaux installés sur le bord des routes... Et ça ne tient pas la route», dénonce-t-elle.