Dans un revirement de situation inattendu, la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville a décidé de se doter d'un plan de conservation des milieux humides. La proposition sera faite ce soir au conseil municipal. Mais la firme environnementale embauchée pour préparer le nouveau plan aura les mains liées.

Après un appel d'offres sur invitation, la Ville a retenu les services du Groupe Hémisphères, pour «identifier, mettre à jour et compléter la caractérisation de tous les milieux humides d'une superficie de plus de 0,3 hectare.» Hémisphères devra donc identifier les milieux à conserver en tenant compte de leur valeur écologique. Mais le mandat précise aussi que «le plan de conservation devra par ailleurs tenir compte des recommandations du comité de concertation sur les milieux humides.»

La Ville a d'abord formé en février dernier un comité de concertation au sujet des milieux humides au sud de la route 116. Ces terrains totalisent 38 hectares. La Presse a dévoilé vendredi dernier qu'un mystérieux drain avait été découvert sur un terrain appartenant à un promoteur qui siège au comité environnemental de la Ville. Le comité est formé de 18 personnes, dont quatre représentants de la Ville et six propriétaires fonciers ou promoteurs immobiliers.



Le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEP) mène d'ailleurs une enquête au sujet du mystérieux drain. Pour l'instant, le MDDEP est dans l'impasse puisque le propriétaire du terrain, le Groupe Gagnon et Rioux en a fait l'acquisition de Construction Galine en novembre dernier. Les deux promoteurs se renvoient la balle, affirmant tour à tour qu'ils n'ont pas installé de drain sur ce terrain situé au sud de la route 116.

Tommy Monpetit, chargé de projets au Centre d'information en environnement de Longueuil (CIEL), rappelait que trois études environnementales ont confirmé ces dernières années qu'il fallait préserver ce territoire. « Toutes les études pointent vers la conservation de ce milieu, mais la Ville tient à tout prix à y construire des maisons.»

L'ancien propriétaire, Construction Galine a commandé une étude environnementale en 2009, qui conclut que le secteur est possède une plus grande valeur écologique que le secteur ouest.

Mais Éric Gagnon, président du Groupe Gagnon et Rioux, a signalé à La Presse qu'il a déjà entrepris des démarches avec la Ville en janvier dernier. Il affirme que Saint-Bruno a l'intention de développer au sud de la 116 des deux côtés de la Montée Sabourin et que la Ville veut aussi protéger des milieux humides des deux côtés.

Selon l'échéancier établi par la Ville, le plan de conservation final devra être prêt avant le 31 décembre 2013. Personne n'était disponible aujourd'hui à la Ville de Saint-Bruno pour commenter la nouvelle.

Photo André Pichette, La Presse

Trois citoyens de Saint-Bruno se tiennent devant le mystérieux drain installé sur un terrain appartenant à un promoteur immobilier qui siège à un comité environnemental de la Ville.