Deux huissiers de justice été épinglés par le Directeur général des élections pour des dons illégaux au parti du maire de Laval, Gilles Vaillancourt. Et l'un d'eux codirige une firme sous contrat avec la Ville de Laval.

Carl Lortie et Suzy Lodec devront s'acquitter d'une amende de 3800$ pour avoir utilisé un stratagème de prête-nom pour contribuer au parti Pro des Lavallois.

En 2007 et en 2008, Mme Lodec a versé 500$ à la caisse électorale du maire Vaillancourt. Selon le Directeur général des élections, c'est M. Lortie qui lui aurait remis ces sommes quelques jours avant afin qu'elle fasse le don en son propre nom.

Carl Lortie est associé au sein de l'étude Saulnier Robillard Lortie, qui a des bureaux à Laval et à Montréal.

À l'hôtel de ville de Laval, on confirme que le cabinet fait affaire avec la municipalité, sans toutefois préciser la valeur des contrats.

«Je vous confirme que la Ville de Laval a un lien d'affaires avec Saulnier Robillard Lortie», s'est limité à affirmer Benoît Collet, porte-parole de la Ville.

Carl Lortie et Suzy Lodec ont plaidé coupables aux accusations du DGE. L'utilisation d'un prête-nom et le fait de servir de prête-nom contreviennent à la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités.

En plus de ces contributions illégales au parti du maire Vaillancourt, Carl Lortie a donné 5725$ à la caisse électorale du Parti libéral du Québec depuis 2001. Le DGE refuse d'indiquer si ces contributions font l'objet d'une enquête. «Je ne peux pas confirmer ni infirmer des informations de cette nature», a indiqué Cynthia Gagnon, responsable des communications.

Le cabinet Saulnier Robillard Lortie est un fournisseur du gouvernement du Québec, dont la valeur des contrats atteint environ 200 000$ chaque année. Le plus gros de ces services est destiné au ministère de la Justice. La Ville de Montréal a aussi un contrat de plusieurs centaines de milliers de dollars avec ces huissiers.

Suzy Lodec travaille chez Guindon Pilon, à Sainte-Agathe-des-Monts.

Joint cette semaine, M. Lortie a refusé de s'expliquer à La Presse. «Je n'ai pas de commentaire. Je ne suis pas allé sur le bateau d'Accurso, je ne suis pas allé à Sagard», a-t-il dit avant de raccrocher. Suzy Lodec n'a jamais répondu à notre appel.

Le maire Vaillancourt, à la tête de Laval depuis plus de 20 ans, s'est retrouvé au centre d'un scandale en 2010. Serge Ménard, ancien ministre péquiste de la Justice, l'a accusé de lui avoir offert plusieurs milliers de dollars en argent comptant lors d'une campagne électorale au début des années 90.