Le ministère des Affaires municipales a finalement retrouvé la lettre que le maire de Saint-Jérôme soutient avoir transmise en juillet pour défendre son administration. Le hic, c'est que le Ministère ne l'a pas reçue en juillet, mais le 8 novembre et par courriel.

La Presse a obtenu la correspondance transmise au ministère par la mairie de Saint-Jérôme le lundi 8 novembre 2010 à 13h15. Cette missive a été envoyée au moment même où La Presse commençait à enquêter sur le maire et son administration. Nos reportages s'intéressaient à la transformation de la maison du maire Marc Gascon par des entrepreneurs faisant affaire avec la Ville et à des ventes de terrains controversées.

La lettre suivait de quelques jours les propos du maire de Québec, Régis Labeaume, qui s'interrogeait sur les apparences de manquement à l'éthique de Marc Gascon, qui est également président de l'Union des municipalités du Québec.

Le 10 novembre, Marc Gascon a lu cette lettre devant un parterre de journalistes, au lendemain de la publication de l'enquête de La Presse. Il cherchait à démontrer que les vérifications du Ministère en cours dans sa ville étaient faites à sa demande.

Fait particulier, la lettre, qui porte la date du 6 juillet, a une note écrite à la main: «postée le 2010-07-07». Le texte de la missive fait allusion aux «reportages médiatiques (NDLR: de juin 2010) qui portent ombrage à la bonne réputation de la Ville».

La Ville de Saint-Jérôme fait effectivement l'objet de vérifications administratives, mais le Ministère précise qu'elles n'ont rien à voir avec une quelconque lettre. «Cette vérification n'arrive pas au hasard en jetant un crayon sur une carte de la province, explique Caroline St-Pierre, porte-parole du Ministère, mais plutôt parce que la Ville de Saint-Jérôme a été l'objet de plusieurs plaintes au cours des dernières années. Il peut s'agir aussi d'anomalies détectées dans le programme de subventions.»

Par ailleurs, le maire Marc Gascon n'a toujours pas transmis les factures de la transformation de son bungalow en résidence cossue, comme il s'y est engagé à plusieurs reprises.