L'effondrement du viaduc du Souvenir en 2000 revient hanter l'administration du maire Gilles Vaillancourt.

Lundi soir, l'ex-policier de Laval Marc Demers, principal enquêteur dans ce dossier, a posé des questions au maire pendant la réunion du conseil municipal au sujet des mesures prises pour «assurer la sécurité du public» compte tenu que, «dans les dernières années, on a appris que des entreprises ont fait preuve de collusion et de fausses factures».

M. Demers est ce policier qui a déclaré à l'émission Enquête de Radio-Canada qu'il y avait eu «de la négligence qu' (il pourrait) qualifier de criminelle» dans l'effondrement du viaduc du Souvenir, sans toutefois être capable de l'attribuer à une personne en particulier.

 

«Vous étiez le policier chargé de l'enquête, a répondu M. Vaillancourt. Est-ce que vous vous adressez un reproche à vous-même?»

Le maire a aussi affirmé que s'il y avait eu collusion, «nous allons nous considérer comme une victime comme d'autres». «Actuellement, aucune loi ne nous permet de répudier un soumissionnaire qui serait coupable de collusion», a affirmé M. Vaillancourt.

Le maire a aussi exprimé son appui à l'opération policière Marteau et au groupe d'enquête anticollusion que le ministère des Transport a confié à Jacques Duchesneau. Par ailleurs, M. Vaillancourt a affirmé que la décision en 2000 d'entreposer chez l'entreprise SchokBeton les poutres du viaduc comme pièces à conviction ne relevait pas de la Ville, mais bien des autorités policières et du coroner.

Là-dessus, M. Demers contredit le maire. «C'est bien la police de Laval qui a demandé l'entreposage, a dit M. Demers à La Presse. Mais c'est pas nous qui avons choisi le fournisseur.»

SchokBeton est dirigée par Marc Bibeau, donateur régulier à la caisse du Parti libéral du Québec. M. Bibeau a été décrit par le passé comme un proche de Jean Charest. C'est aussi l'employeur de Benoit Fradet, membre du comité exécutif de la Ville de Laval. L'entreposage a finalement coûté 900 000$, un contrat donné sans appel d'offres.

M. Demers dit qu'il veut soulever la question de la «responsabilité morale» dans l'affaire de l'effondrement. «Les procureurs ont dit qu'on n'avait pas recueilli suffisamment de preuve, explique M. Demers. Il y a une question d'appréciation que je respecte.»

«Mais il y a un viaduc qui s'effondre, une personne est morte, ça a coûté des millions aux contribuables du Québec et de Laval. Et il n'y a personne de responsable. Ni au criminel ni au civil à cause du «no-fault». Ensuite, aucune autorité publique ne s'excuse. Pendant ce temps, pour faire un parallèle, Toyota sent l'obligation de présenter des excuses publiques et le Congrès des États-Unis convoque le président de Toyota. Ça devient difficile à avaler.»