Ils ne sont pas morts, mais ne sont pas forts. D'importants projets d'immobilisation dans le réseau de la santé de la région de Montréal seront mis de côté pour au moins un an. Le gouvernement Marois est en effet coincé par des finances publiques extrêmement serrées pour 2013-2014.

Selon Québec, les projets ne sont pas «retirés». Cependant, la réfection de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, la deuxième phase de l'Institut de cardiologie et le nouveau pavillon de la Cité-de-la-Santé, à Laval, ne font pas partie de la liste des priorités que le ministère de la Santé est en train de dresser. Pour éviter d'abroger des projets, le gouvernement Marois étalera ses projets d'immobilisation sur dix ans plutôt que cinq. Pour la galerie, Québec pourra annoncer beaucoup d'études préalables sur les besoins, mais n'entamera pas les étapes plus coûteuses, comme la préparation formelle des «plans fonctionnels et techniques».

Dans la région de Montréal, un constat s'impose: les projets dans l'île sont repoussés. En effet, les projets importants de la métropole, hormis les deux hôpitaux universitaires, ne sont pas dans la liste des établissements auxquels le Ministère donne la priorité.

Avec sa facture de près de 900 millions, l'ambitieux projet de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont est remis aux calendes grecques. La phase deux de l'Institut de cardiologie, une facture de 90 millions pour un projet qui ne fait pas l'unanimité dans les milieux médicaux, est aussi décalée. Pour l'Institut, c'est une déception, puisque le projet avait été approuvé par le Conseil du Trésor sous les libéraux.

Dans son rapport, à l'automne dernier, la firme KPMG-Secor avait d'ailleurs ciblé plusieurs projets dans le réseau de la santé pour lesquels on avait fait des annonces, mais sans que les budgets soient prévus au plan quinquennal d'immobilisation. Maisonneuve-Rosemont et l'Institut étaient dans cette situation.

Pour le printemps, une exception dans l'île: le centre de traumatologie de l'hôpital du Sacré-Coeur - une centaine de millions - doit avoir le feu vert pour la préparation des plans fonctionnels et techniques. Il s'agit de la première étape qui engage réellement des fonds publics.

Le ministre Réjean Hébert n'a pas rappelé La Presse, hier. Selon son attachée de presse, Ariane Lareau, les décisions ne sont pas encore prises quant aux projets qui seront retenus ou non.

Le 450 favorisé

Plus payants sur le plan électoral, les projets du «450» ne devraient pas connaître les mêmes aléas. Le projet de l'hôpital Le Gardeur - un ajout de deux étages à l'établissement existant - irait de l'avant, selon des sources fiables, tout comme la rénovation pressante de l'hôpital de Saint-Jérôme, d'une vétusté navrante. En revanche, un projet d'agrandissement de 125 lits à la Cité-de-la-Santé de Laval devra attendre.

À Québec, l'immense projet de réfection de l'Hôtel-Dieu, dans le Vieux-Québec, paraît loin du compte. Les tenants d'un projet concurrent, en banlieue est de Québec, sont revenus à la charge.

Une marge de manoeuvre

Le Conseil du Trésor, qui a exigé des compressions importantes dans les listes de projets, conserve toutefois une marge de manoeuvre pour amoindrir la secousse. Mais l'argent est rare. Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a amorcé en novembre une partie de souque-à-la-corde avec les deux fédérations de médecins simplement pour décaler un versement de 80 millions de quelques semaines, soit dans l'année financière 2014-2015, pour éviter un décaissement pour l'année en cours. Les deux hôpitaux universitaires de Montréal drainent énormément de ressources - jusqu'en 2017, «et les pépines sont déjà à Sainte-Justine», rappelle-t-on dans le réseau.

Cette opération destinée à établir les priorités pour les immobilisations, qui ne se terminera que dans plusieurs semaines, sera le chant du cygne pour le sous-ministre de la Santé, Jacques Cotton, qui deviendra président de la Régie de l'assurance maladie du Québec à la fin de son contrat, en juin.