Y a-t-il une explication biologique à l'homosexualité? Aujourd'hui encore, les experts sont divisés sur la question.                

Quelle que soit la réponse, le groupe Ta Vie Ton Choix (TVTC) croit qu'il est possible de faire s'épanouir le potentiel hétérosexuel d'un individu. Plus de 20 études ont été menées depuis 40 ans, clame la direction de l'organisme.

La plus célèbre de ces études a été publiée en 2003 dans la revue scientifique Archives of Sexual Behavior. L'Américain Dr Robert L. Spitzer a interviewé 143 hommes et 57 femmes qui avaient déjà eu des comportements homosexuels. Du lot, 19% ont déclaré un changement «complet», sans aucun désir ou fantasme persistant pour les personnes de même sexe, et 60% ont affirmé avoir rarement des pensées homosexuelles au cours de relations hétérosexuelles.

Le président de Gai Écoute, lui, estime qu'aucune des études n'est fiable. «Michel Lizotte cite des études américaines, mais sur l'internet, on trouve n'importe quoi», tonne Laurent McCutcheon, qui a rencontré M. Lizotte à plusieurs reprises.

Lorsqu'on parle d'homosexualité, ce qui est certain, c'est que des facteurs biologiques sont en jeu, estime le Dr Richard Montoro, de la Clinique d'orientation sexuelle de l'Université McGill: «Dans la nature, il y a toutes sortes de diversité. On n'est pas ou bien blond ou bien brun, et il y a toutes sortes de couleurs pour les cheveux, les yeux, etc.»

La question de savoir si l'homosexualité est une maladie mentale s'est posée pendant de nombreuses années, mais cette théorie est aujourd'hui rejetée, notamment par l'Organisation mondiale de la santé et le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV). La Société canadienne de psychologie et son équivalent américain ont maintes fois exprimé leur opposition aux thérapies dites réparatrices.

«La recherche démontre d'ailleurs que les interventions pour changer l'orientation sexuelle ont un impact négatif, ajoute M. Montoro. Les personnes ont des taux de dépression et d'anxiété plus élevés qu'avant le début du traitement.»

Aucune loi n'encadre ce genre de thérapie. C'est aux associations et aux ordres professionnels de démasquer les fautifs. Rose-Marie Charest, présidente de l'Ordre des psychologues du Québec (OPQ), est catégorique: ces thérapies sont injustifiables et non éthiques. Aucun professionnel de la santé ne peut prétendre que des théories scientifiques appuient la réorientation sexuelle.

«Si un de nos membres promettait à un client un traitement pour une chose qui n'est pas documentée, on irait enquêter et cette personne aurait à rendre des comptes, martèle Mme Charest. C'est la raison pour laquelle on a des ordres professionnels: pour protéger le public.»

Les psychologues peuvent avoir les mêmes préjugés que le reste de la société, dit-elle. Par contre, ils ont le devoir d'intervenir dans les règles de l'art. «Quand on est un professionnel, on n'est pas là pour l'exercice de nos croyances, on est là pour l'exercice de nos compétences.»

Et quand on mélange les religions traditionnelles à la psychologie, il faut s'attendre à un cocktail explosif, avertit la présidente de l'OPQ. «Ça donne l'illusion que le thérapeute est Dieu, qu'il parle au nom d'une puissance. Il n'a pas le pouvoir d'interpréter les codes religieux. Ce n'est pas ça qu'on a appris à l'université.»