Le gouvernement Marois annoncera, la semaine prochaine, qu'il lève l'obligation pour les commissions scolaires de dispenser l'enseignement de l'anglais intensif en sixième année dès septembre 2015.

Le souhait du gouvernement est toujours qu'à cette dernière année du primaire, les élèves puissent avoir accès à un apprentissage intensif de l'anglais. Mais, confie-t-on, on s'est vite rendu compte que la voie proposée par le gouvernement Charest ne pourrait être appliquée faute de ressources.

L'objectif demeure que les jeunes puissent pouvoir s'exprimer en anglais à la fin du secondaire, mais pour y arriver, la ministre Marie Malavoy ne voudra pas de formule «mur à mur». L'obligation de fournir des cours d'anglais intensif en sixième année avait généré de nombreuses objections pratiques et logistiques. Par exemple, dans une école où on trouve trois classes de sixième année, comment se partager le professeur d'anglais qui travaille sur deux semestres alors qu'il y a trois groupes?

Les nombreux élèves bilingues des écoles de Montréal soulèvent d'autres contraintes. En outre, dans beaucoup d'écoles au Québec où on retrouve de nombreux titulaires qui enseignent à plusieurs niveaux, la disponibilité des professeurs d'anglais est aussi un problème important. Les moyens financiers réservés pour cette opération seront utilisés à d'autres fins par les commissions scolaires.

Pas question, toutefois, de décaler les efforts d'enseignement de l'anglais prévu pour la sixième année vers le secondaire.

Déjà, en novembre, le sous-ministre adjoint à l'Éducation, Alain Veilleux, avait prévenu l'ensemble des commissions scolaires que l'objectif de 2015, fixé par le gouvernement libéral, n'était plus au menu du Ministère.

Du côté de l'opposition libérale, la députée de Mille-Îles, Francine Charbonneau, s'est inquiétée de l'abolition de l'apprentissage intensif de l'anglais en sixième année. Mme Malavoy avait dépeint l'anglais comme «une langue étrangère» et rappelé que le Parti québécois était «très critique par rapport à l'idée d'introduire une langue étrangère alors qu'on commence à maîtriser les concepts, la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire de sa langue maternelle». Pour Mme Charbonneau, l'objectif d'une connaissance générale de l'anglais à la fin du secondaire n'est pas suffisamment précis, les diplômés risquant d'être limités à une connaissance bien insuffisante de cette langue.

À son avis, Mme Malavoy va céder à l'aile radicale du PQ, qui souhaite éradiquer l'anglais de l'enseignement. «Elle se livre à un détournement politique des écoles du Québec», conclut-elle.