Après deux occasions ratées en 2012 et 2014, la CAQ a finalement fait une percée dans la métropole. La Presse s'est entretenue avec Chantal Rouleau et Richard Campeau, premiers députés montréalais de l'histoire du parti.

LA VOIX DE MONTRÉAL

Peut-être ne sont-ils que deux, mais foi de Chantal Rouleau, les députés caquistes de Montréal défendront férocement les intérêts de la plus grande ville du Québec au sein du gouvernement. « C'est la métropole, elle a pris sa place dans le monde, elle doit continuer à rejaillir : il faut faire connaître notre richesse, notre savoir-faire », énumère celle qui s'apprête à troquer sa chaise de mairesse d'arrondissement contre celle de députée de Pointe-aux-Trembles. Se voit-elle devenir la voix de Montréal au sein du Conseil des ministres ? « Je ferai ce que François Legault me demandera », dit-elle.

MOBILITÉ

Un mot revient invariablement lorsque l'on demande à Chantal Rouleau et Richard Campeau, nouveau député de Bourget, leur priorité pour la métropole : mobilité. « C'est un enjeu crucial, à la base de notre économie, de notre qualité de vie », résume Mme Rouleau. En campagne électorale, la CAQ s'est essentiellement engagée à conserver le projet du REM dans l'Ouest-de-l'Île et à l'allonger jusqu'à Laval, ainsi qu'à mettre en place un « tramway de l'Est » pour relier la pointe de l'île au centre-ville en passant par la rue Notre-Dame, convertie en boulevard urbain. Or, ces engagements pour l'est de Montréal ont été placés dans un horizon 2030. « C'est trop loin, estime Richard Campeau. C'est difficile d'amener des travailleurs dans l'Est. Il faut mettre ça sur les rails le plus tôt possible. »

LIGNE ROSE

Les deux députés affirment ne pas s'opposer à la ligne rose de métro que défend la mairesse de Montréal Valérie Plante. Cette dernière a d'ailleurs déclaré hier qu'elle ne craignait pas qu'un gouvernement caquiste tue le projet dans l'oeuf. « On a déjà des discussions avec Mme Plante à ce sujet, et des études seront faites pour déterminer quels moyens de transport répondront le mieux aux besoins de la population », a souligné Chantal Rouleau. « On ne peut pas rejeter [la ligne rose] pour le moment, mais j'ai des doutes sur les coûts, qui me semblent trop bas », ajoute toutefois Richard Campeau. La construction de la ligne rose est évaluée à 6 milliards de dollars.

VALÉRIE PLANTE

Alors que le nouveau député de Bourget affirme n'avoir jamais rencontré Valérie Plante, sa collègue de Pointe-aux-Trembles la connaît très bien. Depuis les élections municipales de 2017, Chantal Rouleau siège dans l'opposition à l'hôtel de ville. Par la force des choses, elle devra maintenant travailler de pair avec son ancienne adversaire politique. Et ça ne posera pas problème, assure-t-elle. « Notre projet commun, c'est le bien-être des citoyens, estime Mme Rouleau. Ça va être un travail de collaboration, de communication. On va se parler. »

NÉOPHYTE

Si Chantal Rouleau a déjà roulé sa bosse en politique - elle est élue municipale depuis 2010 -, Richard Campeau se décrit lui-même comme un « néophyte ». Cet ingénieur chimique spécialisé dans les pâtes et papiers a été candidat pour la CAQ dans le bastion libéral d'Anjou-Louis-Riel aux élections de 2012 et 2014, terminant chaque fois au troisième rang. Lundi, il a arraché Bourget, territoire péquiste depuis 1994, au vétéran député Maka Kotto, par seulement 500 voix. « Je me doutais que j'avais des chances de passer, mais ç'a été très serré. C'était un peu dur à vivre ! », raconte celui qui dit avoir senti l'appel de la politique au moment de la naissance de la CAQ, en 2012. Chantal Rouleau, de son côté, a battu lundi Jean-Martin Aussant dans Pointe-aux-Trembles, autre château fort péquiste.