Québec déposera une loi spéciale jeudi pour mettre fin aux moyens de pression de ses 1400 ingénieurs, à moins d'une entente au cours des prochaines heures.

C'est ce qu'a annoncé le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand mercredi après-midi, au moment où se déroulaient les négociations avec les représentants de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec.

«Je souhaite que les parties puissent convenir d'ici demain d'une entente. S'il n'y a pas d'entente, il y aura une loi spéciale», a-t-il affirmé aux côtés de son collègue des Transports, André Fortin. 

«Après 36 mois de négociation, vous comprenez très bien qu'il doit y avoir une finalité», a-t-il ajouté. Selon lui, le gouvernement «a fait le maximum pour reconnaître un certain nombre de choses», comme l'octroi de primes spéciales. Mais les hausses salariales réclamées par le syndicat «ne respectent pas la capacité de payer des citoyens».  

Les ingénieurs font la grève du temps supplémentaire et refusent de travailler le soir et la fin de semaine.

Québec, qui voulait que les inspections de nuit soient déclarées comme un service essentiel, s'est fait débouter devant le Tribunal administratif du travail. En raison des moyens de pression, des inspections de structures devront se faire de jour, causant une «congestion monstre» à Montréal et Québec, prévenait-il cette semaine.

Le gouvernement justifie sa loi spéciale en disant qu'il veut éviter les désagréments aux automobilistes. «Ce n'est pas vrai que demain et les jours qui vont suivre les citoyens du Québec vont être perturbés par des problèmes de circulation», a dit Pierre Arcand.

Le premier ministre Philippe Couillard a d'ores et déjà avisé l'Assemblée nationale du dépôt d'une loi spéciale. Le secrétaire général de la Chambre, Michel Bonsaint, a envoyé une lettre à tous les députés mercredi après-midi. «Je vous avise qu'à la demande du premier ministre, Monsieur Philippe Couillard, l'Assemblée nationale est convoquée en séances extraordinaires à compter de 19 heures, ce jeudi 16 novembre 2017, selon le calendrier et l'horaire qui seront déterminés par l'Assemblée, afin de permettre la présentation d'un projet de loi assurant la continuité de la prestation des services d'ingénierie au sein du gouvernement et permettant la poursuite de la négociation ainsi que le renouvellement de la convention collective des salariés assurant la prestation de ces services ainsi que de procéder à toutes les étapes de son étude», a-t-il écrit.

Le président de l'APIGQ, Marc-André Martin, trouve «complètement ahurissant» le propos des ministres, plaidant qu'il est prêt à jeter du lest. «On a pris l'offre qu'ils nous ont faite le dernier coup et on l'a bonifiée d'un comité. Et là, pendant qu'on est en train de faire ça, ils nous font une grosse job de bras avec une histoire de loi spéciale !» a-t-il lancé.

L'APIGQ a par ailleurs annoncé en fin de journée avoir demandé à ses membres de mettre fin à la grève concernant le temps supplémentaire dès 18 h mercredi.