Le directeur de l'Institut d'études canadiennes de l'Université McGill a présenté ses excuses, mardi, après que son texte dans la revue Maclean's sur le « malaise » qui ronge la société québécoise eut été décrié par la classe politique québécoise.

Dans une publication sur son compte Facebook, Andrew Potter admet sans détour que son texte contient « une certaine rhétorique qui va au-delà de ce qui est justifié par les faits ou par mes propres convictions ».

M. Potter est aussi l'ancien rédacteur en chef du quotidien Ottawa Citizen. Dans son texte, publié lundi, il avance que le cafouillage entourant le déneigement de l'autoroute 13 est une conséquence de « l'absence de solidarité » de la société québécoise, qu'il qualifie de « pathologiquement aliénée ».

« Le premier devoir de l'écrivain politique est de rendre compte de sa communauté à elle-même, peut-on lire sur le compte Facebook. Bien évidemment, j'ai échoué. Quand les gens que vous lisez et le respect vous disent qu'ils ne reconnaissent pas leur société dans votre description, cela indique un échec de l'empathie et de l'imagination, et il est temps de reprendre un pas en arrière. »

« Je regrette les erreurs et les exagérations dans ce que j'ai écrit, et je suis vraiment désolé d'avoir causé une faute importante », a-t-il ajouté.

« Un torchon »

Quelques minutes plus tôt, le premier ministre Philippe Couillard n'a pas ménagé ses mots pour qualifier la publication dans Maclean's, la même revue qui a présenté le Québec comme la « province la plus corrompue au Canada ».

« C'est un texte de très mauvaise qualité, qui s'appuie sur des préjugés, et qui vise encore essentiellement à dépeindre une image négative du Québec sur la base de préjugés », a dénoncé M. Couillard.

Il a refusé d'aller plus loin, toutefois, ne voulant pas enfreindre la liberté d'expression.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a abondé dans le même sens.

« C'est un torchon, tant qu'à moi, des raccourcis et c'est inacceptable ce qui est dit là-dedans, a dit M. Legault. Maintenant, bon, il faut respecter la liberté de presse mais ça n'a pas de bon sens, puis c'est faux, ce qui est écrit là-dedans. »

L'université McGill, qui emploie M. Potter, a elle aussi tenu à se dissocier des propos du chercheurs.

PHOTO JEROME LESSARD, ARCHIVES OTTAWA CITIZEN

Andrew Potter

Réaction de Denis Coderre 

Le maire Denis Coderre a pris bonne note de la rétractation de l'auteur de l'article, disant ne pas reconnaître le Montréal que celui-ci a dépeint dans son texte. « Il s'est rétracté, je ne perdrai pas de salive dans cette affaire. Il y a des gens avec des grandes idées qui sont obligés de se rétracter. »

Il s'est néanmoins permis une critique de la couverture du magazine Maclean's à l'égard du Québec. « Une journée c'est le Bonhomme Carnaval, après c'est une autre affaire. Il va falloir qu'ils revoient leurs façons de faire leurs articles », a-t-il laissé tomber.

- Avec Pierre-André Normandin