C'est l'omerta pour les fonctionnaires au gouvernement du Québec. La même loi du silence si souvent dénoncée dans l'administration publique fédérale sous Stephen Harper existe aussi pour l'administration québécoise, estime le porte-parole des professionnels du gouvernement du Québec.

Pour Richard Perron, président du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), une enquête indépendante devrait être déclenchée autour de l'approbation des travaux de TransCanada au large de Cacouna, par le ministère de l'Environnement.

L'évaluation de la conformité de ces travaux, une décision délicate, avait été confiée à une jeune biologiste de Rimouski. Nouvellement embauchée, elle n'avait d'autre choix que d'avaliser la position souhaitée par le ministre David Heurtel, accuse M. Perron. «Quand j'ai appris que l'on avait confié le dossier à quelqu'un qui venait d'arriver, j'ai trouvé ça bizarre. Confier des dossiers politisés à quelqu'un qui est fragilisé, on voit ça souvent...»

Dans son jugement, Claudine Roy, de la Cour supérieure, observe «que les inquiétudes émises par la jeune biologiste au départ ont été tout simplement évacuées du rapport, sans explications. On a toutes les raisons de croire qu'il y a eu ingérence politique là-dedans. On a toutes les raisons pour demander une enquête indépendante!».

Suspension des travaux



Cette semaine, la Cour supérieure a imposé la suspension des travaux de TransCanada dans le fleuve parce qu'ils perturbent un site de reproduction des bélugas. Les travaux, une caractérisation du site qui avait débuté, sont reportés à la mi-octobre. Le jugement a été très dur pour le ministère de David Heurtel, qui a soutenu s'appuyer sur un avis de Pêches et Océan Canada, une étude qui n'existe tout simplement pas.

Jeudi, le ministre Heurtel s'est défendu gauchement en soutenant que la décision, le feu vert donné à TransCanada à l'origine, relevait de la direction régionale de son ministère, «comme s'il n'était pas responsable de ce qui s'y passe, a relevé le syndicaliste. Cela nous a jetés par terre, il niait sa responsabilité, un principe fondamental dans le régime britannique, pour blâmer ses fonctionnaires.

«Nos membres sont quotidiennement victimes de représailles parce qu'ils parlent», résume M. Perron. Une enquête interne, l'avenue proposée par le ministre Heurtel, «ne ferait que noyer le poisson». Une enquête interne ne ferait «qu'identifier un coupable et l'immoler sur la place publique à la place du ministre», selon lui.

Pour lui, l'omerta règne sur la fonction publique, «l'intérêt du petit boss en haut, de son patron, prime l'intérêt public. Si tu veux que ta carrière avance, obtenir le poste que tu convoites, tu vas approuver des choses qui ne vont pas dans le sens de l'intérêt public».

Les gens de la fonction publique «sont extrêmement dévoués, mais ils sont obligés de faire des gestes parce qu'il y a des boss en haut qui se sont fait nommer, qui ne sont pas imputables, qui se sentent intouchables», accuse-t-il.