Le sort des personnes vulnérables dans le contexte des compressions budgétaires inquiète la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, qui a présenté son rapport annuel, hier.

Elle demande au gouvernement de s'assurer que les coupes se fassent en respectant «le principe de la solidarité envers les plus vulnérables» et sans créer «d'injustices ou d'iniquités». Or ce n'est par exemple pas le cas, selon elle, avec les coupes dans l'aide aux devoirs. «Est-ce qu'on a regardé d'autres compressions qui sont possibles avant de faire cette compression-là?», s'est-elle demandé en conférence de presse après le dépôt de son rapport, qui s'attarde à plusieurs problèmes.



Aucune protection pour des personnes souffrant de santé mentale


Les résidences privées qui hébergent des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ne sont soumises à aucune certification, une situation «très préoccupante», déplore la protectrice du citoyen. Elle ne peut d'ailleurs pas intervenir dans ces établissements, pas plus que les commissaires aux plaintes et à la qualité des services de santé. Faute d'hébergement ailleurs, des personnes vulnérables sont orientées vers ces établissements où elles «ne bénéficient d'aucune protection», affirme-t-elle. Elle a reçu des plaintes touchant «des attitudes et comportements problématiques des propriétaires, une mauvaise gestion de la médication, l'insalubrité des lieux et la piètre qualité des aliments servis».

Manque de formation dans les ressources intermédiaires

En plein développement depuis quelques années, les ressources intermédiaires qui hébergent des personnes âgées ne sont pas suffisamment encadrées. Elles sont liées par contrat à des CSSS; or certains ne font aucun contrôle et se «délestent de leurs responsabilités envers les usagers qu'ils hébergent auprès de ces partenaires». Il n'existe aucune exigence de formation pour le personnel des ressources intermédiaires, déplore la protectrice du citoyen. Elle demande au gouvernement de remédier à la situation et d'assurer une supervision adéquate des ressources intermédiaires.

Mixité problématique dans les CHSLD

En raison du manque de services à domicile, de jeunes adultes handicapés se retrouvent dans des CHSLD avec des personnes âgées. Or les services ne sont pas adaptés à leur situation, et la cohabitation des deux clientèles peut poser problème, estime la protectrice du citoyen. Elle constate également que dans certains CHSLD, des personnes âgées lucides à mobilité réduite en côtoient d'autres qui ont des troubles cognitifs sévères et des problèmes de comportement. Des personnes sont parfois victimes d'agression, souffrent d'anxiété et s'isolent. La protectrice recommande que les CHSLD améliorent la sécurité des personnes hébergées et regroupent les usagers selon leur profil.

Histoire «sordide» entourant la mort d'un enfant

La «tolérance excessive» d'intervenants d'un centre de santé et des services sociaux (CSSS) à l'égard de parents pourrait s'être révélée fatale pour un jeune enfant lourdement handicapé, révèle la protectrice du citoyen. Malgré la présence quasi quotidienne de ces intervenants, l'état de santé de l'enfant de 5 ans était «lamentable» et se détériorait. Il «ne recevait visiblement pas les soins d'hygiène adéquats» à la maison - «un milieu désorganisé et insalubre» de l'aveu même des intervenants du CSSS qui étaient impliqués dans le dossier. «L'enfant a finalement été conduit dans un centre hospitalier spécialisé [...] où il est malheureusement décédé peu après», peut-on lire dans le rapport. Les intervenants du CSSS ont manqué à leur obligation légale de signaler le cas de cet enfant auprès de la Protection de la jeunesse, conclut Raymonde Saint-Germain.

La baisse des demandes de libération conditionnelle est inquiétante

Environ la moitié des détenus qui peuvent faire une libération conditionnelle au tiers de leur peine renoncent à le faire, une proportion plus importante qu'auparavant. Le gouvernement doit «documenter sans délai les motifs expliquant ce taux élevé de renonciations à l'examen de la libération conditionnelle», recommande la protectrice du citoyen. Elle souligne qu'en l'absence de libération conditionnelle, le détenu «quittera le centre sans condition visant à empêcher les occasions de récidive. [Il] n'aura pas à se soumettre à une thérapie ou à un programme lié à un problème de violence, d'ordre sexuel ou psychiatrique». Les chances de réinsertion sociale sont ainsi réduites, selon elle.