Se disant lui-même la cible de commentaires «extrêmement disgracieux et agressifs», le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, veut mettre un terme à la «culture d'intimidation» qui règne actuellement au Québec, particulièrement sur les réseaux sociaux.

«Aujourd'hui, les réseaux sociaux ont permis le développement d'une culture d'intimidation qui n'était pas là avant. C'est sans fin. Il faut mettre un terme à ça», a-t-il dit.

Même s'il affirme «ne pas être atteint» par tout ce qui est dit à son sujet, le ministre Barrette indique qu'il est «bien placé» pour comprendre l'intimidation, étant donné «toutes les énormités qui sont dites à mon [son] sujet».

Depuis son entrée en politique, les commentaires sur l'excès de poids du ministre ne cessent de pleuvoir. En avril, un quotidien montréalais a titré à la une «Gras dur», en référence à l'indemnité de départ de 1,2 million qu'a empochée le ministre en quittant la présidence de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.

En juillet, un plaisantin a modifié la fiche Wikipédia du ministre Barrette et a remplacé sa photo par un dessin peu flatteur qui le faisait ressembler à une patate. Cette semaine, dans la foulée des déclarations du ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, qui a dit qu'il y a assez de livres dans les écoles, les allusions sur les «livres en trop» du ministre Barrette n'ont pas tardé à fuser.

Sur la page Facebook du ministre, au bas d'une photo qui le montre lors d'un événement sportif de sa circonscription, un citoyen a récemment inscrit le commentaire suivant: «Quel sportif, ce ministre!»

«Et sur les réseaux sociaux, ça va plus loin. Des gens me disent: "Tu n'es pas encore mort mon ci, mon ça?" Chez moi, ces commentaires n'ont pas d'impact. Mais chez quelqu'un de moindrement vulnérable, ça peut avoir des effets dévastateurs. Ça doit être dénoncé.»

Consultation en cour

Le ministère de la Famille et des Aînés a lancé, un peu plus tôt cet été, une consultation en ligne sur la lutte contre l'intimidation. Un forum à ce sujet se tiendra le 2 octobre et un plan d'action est attendu en 2015.

Selon le ministre Barrette, «l'intimidation sous toutes ses formes doit être combattue». Il mentionne que les médias sociaux permettent à l'intimidation de se dérouler loin des regards. «C'est plus invisible. Des jeunes peuvent se faire intimider sans que leur entourage ne le sache et ne puisse les défendre. Ça devient d'autant plus important de contrer ça.»

Lorsqu'on lui a demandé s'il est tenté, parfois, de porter plainte à la police quand il lie certains commentaires agressifs à son sujet, le ministre a pris quelques secondes pour réfléchir. «Dans mon cas, les commentaires doivent être mis en contexte. Je suis un personnage public. Ça fait partie du jeu, même si ce n'est pas justifiable. Je n'irai pas à la police pour ça. J'occuperais la Sûreté du Québec au complet! Mais il faut penser aux plus vulnérables. [...] Il faut parler de l'intimidation et contrer cette culture qui ne ralentit pas.»

Pour participer à la consultation sur l'intimidation du gouvernement

L'intimidation chez les jeunes

Proportion d'élèves du secondaire intimidés à l'école ou sur le chemin menant de l'école à la maison, au Québec:

• Garçons: 42 %

• Filles: 29 %

Proportion de jeunes du secondaire victimes de cyberintimidation, au Québec:

• Garçons: 4 %

• Filles: 7 %

Source: Institut de la statistique du Québec, 2013

Chez les adultes

• Nombre d'internautes adultes victimes de cyberintimidation au Canada: 7 %

• La forme de cyberintimidation la plus courante: 73 % des victimes disent avoir reçu des courriels ou des messages instantanés menaçants ou agressifs

• Nombre de travailleurs victimes d'intimidation au Canada: 40 %

Source: Institut de recherche en santé du Canada, 2012