Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, s'est défendu d'être en conflit d'intérêts, jeudi, en renégociant la mise en oeuvre d'une entente qu'il a conclue alors qu'il représentait les médecins spécialistes.

Ciblé par des attaques de l'opposition, M. Barrette a plaidé lors d'un point de presse que ses exigences, concernant l'étalement d'une hausse salariale, démontrent qu'il ne protège pas ses anciens collègues.

«Vu du gouvernement je ne «m'auto-lobbyise» pas, a-t-il dit. Vous me rappellerez quel ministre, député du PQ aurait osé ou proposé une proposition aussi difficile à négocier sur la table, ça devrait vous indiquer que je n'ai pas trop, trop de conflit d'intérêts.»

En Chambre, les péquistes ont suggéré au gouvernement que le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, soit chargé des négociations dans ce dossier.

«Je pense qu'il serait sage, dans le cadre des bonnes idées, de faire ce qu'on avait fait auparavant et de faire en sorte que le président du Conseil du trésor mène ces négociations, pour assurer qu'elles se fassent en toute quiétude, en toute impartialité», a dit le chef intérimaire Stéphane Bédard.

Le premier ministre Philippe Couillard a pris la défense de M. Barrette.

«Je sais que le ministre est un négociateur ferme et direct, a-t-il dit. Je suis convaincu qu'il aura la même attitude vis-à-vis ses ex-collègues, et il a toute ma confiance.»

Lors d'un point de presse qui a suivi la période des questions, M. Barrette a affirmé que la proposition du Parti québécois était insensée, puisque le Conseil du trésor n'intervient normalement qu'en toute fin d'un processus de négociations.

Alors qu'il était président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, M. Barrette a discuté avec le précédent gouvernement péquiste de l'étalement des hausses de salaire des médecins, un dossier qu'il a repris une fois élu le 7 avril dernier.

Durant ces négociations, M. Barrette a constaté que son prédécesseur Réjean Hébert était sous la tutelle du président du Conseil du trésor Stéphane Bédard, une situation qu'il juge anormale.

«J'avais saisi dans ma job précédente que le ministre de la Santé était un peu sous tutelle, a-t-il dit. Il n'avait pas la possibilité de signer aucun document qui engageait des dépenses, c'est ce qu'on nous avait dit. Le ministre de la Santé était contrôlé, pour toutes sortes de raisons qui leur sont propres, par le Conseil du trésor, c'était un ministre qu'on a compris comme étant en tutelle.»

M. Barrette a déclaré qu'il n'avait jamais vu pareil encadrement pour des prédécesseurs de M. Hébert, qu'ils soient péquistes ou libéraux.

«Il y a un seul ministre qui ne négociait pas pour le gouvernement en Santé, c'était Réjean Hébert, mais je savais aussi qu'il ne pouvait pas signer de chèque non plus», a-t-il dit.

Selon le ministre de la Santé, il serait contre-productif que son collègue du Conseil du trésor prenne le dossier en charge à ce stade-ci.

«Le Conseil du trésor est là pour distribuer les sous et les ministères sont là pour faire les arbitrages et les négociations propres aux ministères, a-t-il dit. Non seulement cette proposition ne tient pas la route mais elle est insensée.»

Selon des reportages, M. Barrette demande que la hausse salariale prévue jusqu'en 2016 soit étalée jusqu'en 2029, de façon à faciliter le retour à l'équilibre budgétaire.

En raison des difficultés à rétablir l'équilibre budgétaire, le gouvernement du Parti québécois voulait aussi étaler sur un plus grand nombre d'années les augmentations d'environ 1 milliard $ prévues pour 2013-2014 à 2015-2016.

Durant la campagne électorale, M. Barrette a soutenu qu'à titre de président de la FMSQ, il avait, avec son homologue de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), accepté une demande d'étalement de 300 millions $ sur une période qui restait à déterminer.