Le Parti québécois demande au chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, de dévoiler l'identité des «onze personnes» visées par l'enquête «Projet Lierre» menée par l'Unité permanente anticorruption (UPAC), qui s'intéresse entre autres à un système de financement occulte qui aurait existé lorsque les libéraux étaient au pouvoir.

À deux jours du scrutin, deux ministres sortants du gouvernement Marois, Jean-François Lisée et Pierre Duchesne, ont martelé, lors d'un point de presse qui s'est tenu à la permanence du parti, que «les Québécois (avaient) le droit de connaître» cette information avant d'aller voter. 

«Onze personnes non identifiées auraient été impliquées dans un système de financement occulte en échange de contrats publics, alors que le Parti libéral de Jean Charest était au pouvoir», a rappelé M. Duchesne, se référant à des reportages publiés en novembre dernier par plusieurs médias, dont La Presse, qui avait obtenu copie de documents judiciaires fortement caviardés.

>>> Consultez les reportages de La Presse

«Une enquête criminelle a été déclenchée par l'UPAC à partir de perquisitions menées au Parti libéral en juillet dernier, où 11 responsables libéraux sont soupçonnés d'avoir érigé un système de financement illégal contre des contrats», a dit M. Lisée. 

Les deux députés demandent entre autres au PLQ d'identifier ces personnes, d'indiquer s'ils se présentent comme candidats lors de la présente campagne électorale ou s'ils ont été ministres dans un ancien cabinet libéral.

Le PQ est «dans un état de désespoir total», accuse Couillard

«C'est le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) qui a décidé le caviardage», a expliqué en début d'après-midi le chef libéral, Philippe Couillard, qui a dit que la décision venait des procureurs eux-mêmes, qui souhaitent protéger leur preuve. Elle n'a donc pas été prise par les avocats du Parti libéral ou des personnes mises en cause.

M. Couillard ajoute qu'il n'a pas l'information réclamée par les péquistes. Et que s'il l'avait, il ne pourrait pas la rendre publique. «On n'a pas l'information, insiste-t-il. Soit que MM. Duchesne et Lisée ne le savent pas, ce qui est déjà grave. Soit qu'ils le savent et qu'ils font semblant de ne pas le savoir. C'est tout caviardé. Il y a une ordonnance de la cour là-dessus. Franchement.» Selon lui, les deux candidats péquistes ont prouvé leur «amateurisme».

Depuis le début de la campagne, M. Couillard prône la transparence. Au nom de ce principe, les personnes mises en cause devraient-elles se manifester? Il n'a pas répondu directement. «C'est juste pour faire de l'esbroufe et du lançage de boue en fin de campagne. Ils sont dans un état de désespoir total et ils ont décidé de faire ça», a-t-il répondu. 

Le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, a pour sa part brièvement commenté la requête faite par le Parti québécois. 

«Est-ce que le PQ a accès à l'information qui est détenue par l'UPAC? Moi je n'ai pas accès à ça. Donc si le Parti libéral a l'information, qu'il sorte l'information. Mais je ne commencerai pas à aller dire aux policiers quoi faire», a-t-il dit. 

- Avec Martin Croteau