L'ex-chef péquiste André Boisclair a demandé vendredi à être relevé temporairement de ses fonctions de délégué du Québec à New York afin de répondre aux attaques de l'opposition caquiste qui a établi un lien entre sa consommation de cocaïne et une promesse de subvention, a confirmé une porte-parole du gouvernement.

M. Boisclair a acheminé cette demande au secrétariat général aux Emplois supérieurs, a précisé Marie Barrette, attachée de presse de la première ministre Pauline Marois.

«M. Boisclair a demandé à être relevé de ses fonctions afin de répondre aux attaques dirigées contre lui», a-t-elle dit.

Dans un bref communiqué publié tard vendredi soir, le ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, a dit avoir pris acte de la demande de M. Boisclair d'être «relevé de ses fonctions avec solde afin de lui permettre de consacrer ses énergies à défendre sa réputation contre les allégations irresponsables portées à son égard par le député de Saint-Jérôme, M. Jacques Duchesneau, et le chef de la Coalition Avenir Québec, M. François Legault».

Dans la foulée de ce communiqué, Caroline Julie Fortin, attachée de presse du cabinet du ministre, a aussi confirmé que M. Boisclair avait bel et bien été temporairement relevé de ses fonctions.

M. Boisclair et ses avocats avaient amorcé ces échanges avec les Emplois supérieurs après l'annonce, vendredi matin, qu'il sera à Montréal pour rencontrer les journalistes lundi.

Le secrétariat aux Emplois supérieurs est une unité du ministère du Conseil exécutif de qui relèvent notamment tous les membres de la haute fonction publique et administrateurs de sociétés d'État.

La Coalition avenir Québec (CAQ) avait demandé que M. Boisclair soit relevé temporairement de ses fonctions afin de s'expliquer sur une promesse de subvention il y a 10 ans.

À La Malbaie, vendredi, Mme Marois a déclaré qu'elle fait confiance à M. Boisclair pour prendre les décisions qui s'imposent au moment opportun.

À l'occasion de l'annonce d'un financement dans sa circonscription, Mme Marois a répondu aux journalistes.

«M. Boisclair est un homme responsable, je suis certaine qu'il saura prendre les décisions qui s'imposent le moment venu», a-t-elle dit lors d'un point de presse.

Mme Marois répondait à la question d'un journaliste qui lui demandait si elle avait toujours confiance en M. Boisclair, que le gouvernement péquiste a nommé délégué général du Québec à New York l'automne dernier.

Selon la première ministre, M. Boisclair a lui-même pris la décision de se rendre à Montréal pour rencontrer les médias.

«Je n'ai absolument pas demandé qu'il fasse un point de presse, a-t-elle dit. C'est lui-même qui a pris la décision de faire un point de presse.»

M. Boisclair, qui a dirigé le Parti québécois de 2005 à 2007, a annoncé vendredi matin sur son compte Twitter qu'il rencontrera la presse montréalaise.

«Je vous informe que je rencontrerai des représentants des médias lundi matin prochain à Montréal. Détails à suivre», a-t-il écrit.

Il a été impossible d'avoir plus de précisions, tant à la délégation québécoise à New York qu'auprès de l'avocat de M. Boisclair.

Les libéraux et les caquistes ont réclamé cette semaine que M. Boisclair explique sa décision d'accorder une subvention seulement quatre jours avant l'élection d'avril 2003, alors qu'il était ministre d'État aux Affaires municipales.

Cette semaine, M. Boisclair n'a fait aucune déclaration publique, outre un communiqué, et il ne s'est pas présenté à au moins un événement protocolaire où il était attendu, à New York, auquel participait notamment le premier ministre Stephen Harper.

M. Boisclair a menacé de poursuivre en diffamation le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) Jacques Duchesneau, qui a établi un lien entre sa consommation de cocaïne passée et le financement promis à un projet de rénovation d'église à Montréal.

M. Duchesneau a refusé de se rétracter, jeudi, soulevant l'hypothèse que M. Boisclair aurait pu être forcé de donner la subvention, car l'entreprise associée au projet était infiltrée par le crime organisé. L'entreprise, LM Sauvé, appartenait aussi à un ami de M. Boisclair.

L'ancien chef péquiste a acheminé une mise en demeure à M. Duchesneau, cette semaine, pour exiger ses excuses à défaut de quoi il entamerait des procédures judiciaires contre lui.

Le cabinet d'avocat de M. Boisclair n'avait pas précisé, jeudi, quelles suites celui-ci donnera au refus de M. Duchesneau de retirer ses allégations.