Au lendemain de l'annonce de la création d'un rassemblement favorable à la laïcité de l'État, un regroupement de musulmans a plutôt protesté contre la Charte des valeurs québécoises, au nom de la liberté de religion.

Les porte-parole, qui disent représenter 50 organismes communautaires et religieux musulmans, n'avaient pas encore la liste complète de ceux-ci au moment de rencontrer la presse, mercredi midi, puisque le regroupement n'a été formé qu'il y a une dizaine de jours, ont-ils expliqué.

Selon eux, la charte des valeurs québécoises va à l'encontre des droits et libertés de la personne, dont la liberté de religion.

Du même souffle, le groupe dit croire en l'égalité homme-femme ainsi qu'en la neutralité de l'État et de ses employés dans l'exercice de leur fonction.

«Nous considérons que le port de signes religieux par les fonctionnaires de l'État n'est pas en contradiction avec la neutralité de l'État», a plaidé Geneviève Lepage, une des deux porte-parole francophones du groupe.

Le groupe dit accepter que la règle générale soit que le service de l'État soit requis et dispensé à visage découvert. Toutefois, il concède que des accommodements à cette pratique du visage découvert puissent être réclamés et acceptés, si la sécurité ou l'identification ne sont pas en cause.

«C'est normal que dans la société québécoise, on ait un service qui soit rendu ou reçu à visage découvert, a dit Mme Lepage. Il est possible, oui, que des gens demandent un aménagement à cette pratique (du visage découvert). Et là, s'il y a effectivement une loi, quelqu'un pourrait demander une demande d'accommodement raisonnable et elle devrait être étudiée en fonction des différents critères présents dans la jurisprudence.»

Le groupe s'est aussi dit offusqué de n'avoir pu rencontrer encore le ministre Bernard Drainville, responsable de la future charte.

Le cabinet du ministre Drainville s'est dit étonné de tels propos, puisqu'une rencontre avec une autre porte-parole du groupe, Samira Laouni, était déjà à l'horaire du ministre, la semaine prochaine, en compagnie de représentants de huit autres groupes musulmans. De plus, le porte-parole du ministre, Brian Gélinas, a fait savoir que M. Drainville avait déjà rencontré deux autres groupes musulmans avant même le dépôt de ses propositions.