Au moment précis où le projet de loi sur l'éthique municipale franchissait une étape importante, libéraux comme péquistes ont salué la décision des maires de Mascouche et de Terrebonne, Richard Marcotte et Jean-Marc Robitaille, de se retirer de l'administration de leur ville pour la durée de l'enquête sur leur gestion.

Commentant la décision des deux maires, annoncée lundi soir, le ministre Laurent Lessard a souligné hier qu'ils avaient agi dans le sens de la volonté populaire. «La population semblait s'attendre à cela. Il y a aura un rapport et le Ministère signifiera à la municipalité ce qu'il veut comme changements. À la lumière de ce qui est recueilli, ce sera donné à l'instance la plus appropriée.»

Le fait que Terrebonne compte maintenant plus de 100 000 habitants crée selon lui des obligations nouvelles et nécessite l'embauche d'un vérificateur interne.

Le projet de loi 109, qui forcera toutes les municipalités à se doter d'un code d'éthique, a franchi l'étape de l'étude article par article hier. Il devrait être rapidement adopté à l'Assemblée nationale.

Le Ministère fait déjà des vérifications aléatoires, qu'il a concentrées depuis l'an dernier sur la région métropolitaine. Avec le projet de loi 109, une plainte des citoyens, notamment au sujet des conflits d'intérêts, amènera la Commission des affaires municipales à enquêter. Celle-ci a même le pouvoir de suspendre un élu. «On est là pour barrer la tentation au départ. Si un élu accepte un voyage de pêche, pas besoin d'un jurisconsulte pour comprendre que cela ne marche pas...» a illustré le ministre.

Le député péquiste de Blainville, Daniel Ratthé, estime pour sa part que la décision des maires Marcotte et Robitaille est «une bonne coïncidence» - il avait lui-même demandé ce retrait la veille. Le maire Marcotte, qui a dit qu'il se retirait afin de préparer sa défense, serait mieux avisé d'attendre le résultat de l'enquête comme son collègue de Terrebonne, a fait remarquer le critique péquiste aux Affaires municipales.

Selon lui, ils devraient se retirer de toute fonction administrative, et non seulement des délibérations du conseil.

M. Ratthé croit que le projet de loi 109, une fois adopté, donnera plus de pouvoir à la Commission municipale. Si l'organisme paraît inutile (il n'a pas ouvert d'enquête depuis 1988), c'est que, en 2004, le gouvernement Charest avait annoncé son abolition, explique M. Ratthé. Mais le péquiste reste sceptique sur la détermination du gouvernement. Le maire Robitaille était député libéral aux Communes. «Est-ce qu'une enquête menée sous la responsabilité d'un ministre libéral sur un ancien candidat libéral aura de la crédibilité auprès du public?» a lancé le député Ratthé à l'Assemblée nationale.

À son avis, le maire de Saint-Jérôme, Marc Gascon, devrait imiter ses collègues de Mascouche et de Terrebonne, se retirer de toutes ses fonctions administratives et confier les rênes au maire suppléant: le ministère des Affaires municipales enquête sur l'adjudication des contrats dans cette municipalité.

La semaine dernière, le maire de Québec, Régis Labeaume a annoncé que sa ville se retirait de l'Union des municipalités, que préside le maire Gascon. M. Labeaume estime qu'il est inacceptable que le maire Gascon parle au nom de la capitale. Régis Labeaume aurait souhaité que M. Gascon clarifie la situation avant de se présenter à la présidence de l'UMQ.