Le gouvernement Charest refuse que l'ancien ministre de la Justice Marc Bellemare dise publiquement ce qu'il sait «d'embarrassant» sur le financement du Parti libéral du Québec.

Hier, le ministre responsable de la Loi électorale, Robert Dutil, et le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, se sont opposés formellement au projet de l'Action démocratique du Québec, qui souhaite que l'ancien ministre Bellemare puisse témoigner devant la commission parlementaire de l'Administration publique.

 

La Commission offrirait toutes les garanties d'immunité que souhaite l'ancien ministre Bellemare, a expliqué hier le chef de l'ADQ, Gérard Deltell. «L'intérêt public commande que ce témoignage se fasse à visière levée», a-t-il dit, et non dans le secret d'une convocation du Directeur général des élections, à quoi se refuse de toute façon l'ancien ministre libéral.

L'ADQ déposera aujourd'hui une motion demandant que M. Bellemare soit entendu à la commission de l'Administration publique. Mais le gouvernement libéral, majoritaire, aura un droit de veto à ce vote, attendu demain.

Marc Bellemare, a dit le ministre Dutil, «y est allé allègrement dans ses déclarations. Il va salir des réputations. C'est la même personne qui n'avait pas voulu divulguer qui avait payé pour ses affiches quand il avait tenté de se faire élire au municipal».

Jacques Dupuis estime, lui, que le refus de l'ancien ministre Bellemare d'obtempérer à la convocation du DGE est une gifle à cette institution. Le DGE n'est pas la marionnette du Parti libéral; il est choisi aux deux tiers de l'Assemblée nationale, a-t-il rappelé. «Dire que le DGE est à la solde des libéraux! Accepter d'entendre M. Bellemare serait endosser ce qu'il a dit, que le DGE est une institution partiale!» a dit M. Dupuis, outré. La loi donne au DGE toute latitude pour garantir à M. Bellemare l'immunité qu'il réclame, pour le protéger de toute poursuite, a-t-il fait valoir.

Depuis deux semaines, par l'entremise des médias, l'ancien ministre de la Justice et le premier ministre Charest s'affrontent presque quotidiennement. La semaine dernière, Jean Charest a soutenu que jamais M. Bellemare n'avait évoqué avec lui des problèmes avec le financement du PLQ.

«Le premier ministre a menti la semaine dernière quand il a dit qu'il n'était pas au courant, a répliqué hier M. Bellemare dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne. Juste là-dessus, je suis en mesure de prouver, par deux plus deux, qu'il était au courant.»

Il maintient avoir personnellement abordé avec M. Charest l'influence exercée par les syndicats et les entrepreneurs de la construction. «Ce sont des choses dont je lui ai parlé à plusieurs reprises personnellement», a-t-il dit.

M. Bellemare a de nouveau repoussé l'idée de témoigner devant les enquêteurs du Directeur général des élections. Il s'agit, selon lui, d'une «manoeuvre de diversion qui vise à ce que tout ça se passe dans un contexte individualisé, loin des caméras, loin de l'opinion publique».