Blâmé récemment dans un rapport du commissaire aux langues officielles, Justin Trudeau pourrait faire amende honorable en matière de respect du bilinguisme en se prononçant fermement en faveur du statut bilingue de la capitale nationale, la ville d'Ottawa.

C'est du moins ce que soutient le NPD, qui estime que le premier ministre devrait prendre les moyens pour convaincre le conseil municipal d'Ottawa et le gouvernement de l'Ontario de modifier les statuts de la ville pour en faire une capitale officiellement bilingue alors qu'on souhaite souligner avec faste le 150e anniversaire de la Confédération.

Dans un rapport préliminaire d'enquête remis au Bureau du Conseil privé, la semaine dernière, la commissaire aux langues officielles par intérim, Ghislaine Saikaley, a conclu que les plaintes qui ont acheminées à son bureau à la suite de la tournée pancanadienne de Justin Trudeau étaient « fondées ». Ces plaintes avaient été formulées après que le premier ministre eut répondu en anglais à une question qui lui était posée en français en Ontario et qu'il eut répondu en français à une question qui lui était adressée en anglais dans la région de Sherbrooke.

Pour Mme Saikaley, il appert que Bureau du conseil privé -qui se trouve être le ministère du premier ministre - n'a pas respecté la Loi sur les langues officielles puisque «des mesures n'ont pas été prises pour veiller à ce que les membres du public puissent recevoir des communications et services dans leur langue officielle de préférence».

Dans son rapport, elle recommande d'ailleurs au Bureau du Conseil privé «de prendre, d'ici septembre 2017, les mesures requises pour veiller à ce que la population reçoive des services dans les deux langues officielles pendant les séances de discussion ouverte et autres forums à participation citoyenne où le premier ministre doit s'adresser aux Canadiens sur des questions gouvernementales».

Rappelons que le bureau du commissaire aux langues officielles a reçu quelque 60 plaintes -de francophones et d'anglophones -dans la foulée de ces assemblées citoyennes tenues à Sherbrooke, au Québec, et à Peterborough, en Ontario, en janvier dernier, dans le cadre de la tournée pancanadienne de M. Trudeau.

Après son passage à Sherbrooke, M. Trudeau avait rapidement fait son mea culpa en disant qu'il avait commis une «erreur». Il avait aussi formellement présenté des excuses aux plaignants dans une lettre qu'il leur avait fait parvenir.

Mais le député du NPD François Choquette, qui est le porte-parole de son parti en matière de langues officielles, croit que M. Trudeau peut faire amende honorable en donnant son appui à la désignation d'Ottawa comme ville bilingue.

«Ce dossier en est un autre où le premier ministre a glissé sur une pelure de banane, où il n'a pas démontré de sensibilité pour les communautés de langues officielles. Quand nous avons un pays comme le Canada qui se targue d'avoir deux langues officielles, on pourrait s'attendre à ce que notre capitale, Ottawa, soit officiellement bilingue. On comprend que le maire d'Ottawa a un rôle important à jouer dans ce dossier, et le gouvernement de l'Ontario aussi. Mais le premier ministre pourrait très bien dire qu'il souhaiterait que la ville d'Ottawa, en tant que capitale du Canada, soit une ville bilingue. Mais il ne l'a pas encore fait », a noté M. Choquette.

Dans le passé, M. Trudeau a affirmé que la décision entourant la désignation bilingue de la capitale nationale appartenait aux élus municipaux d'Ottawa et non au gouvernement fédéral.  «L'idée de faire une ville ou une autre une ville bilingue, ça appartient à la ville elle-même», a-t-il déjà affirmé.

Dans une entrevue à Radio-Canada, en décembre dernier, M. Trudeau avait surpris plus d'un en se demandant à voix haute si la ville de Gatineau serait prête aussi à emboîter le pas à la ville d'Ottawa si la capitale devenait bilingue.

«Est-ce que la Ville de Gatineau serait ouverte à devenir une ville bilingue, elle?», avait-il déclaré, sourire en coin, en réponse à une question de Patrice Roy sur cette question. Cette réponse avait soulevé l'ire de la communauté francophone de l'Ontario et des groupes nationalistes du Québec.

Plus tard, dans une entrevue à la Presse canadienne, M. Trudeau avait reconnu avoir été « baveux » en tenant de tels propos.