L'ancien ministre de l'Immigration Chris Alexander défend l'approche adoptée par son gouvernement pour relocaliser les réfugiés syriens, niant les allégations selon lesquelles les conservateurs avaient sélectionné soigneusement des dossiers en priorisant certaines minorités ethniques et religieuses.

Tous les pays travaillant avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en lien avec la crise humanitaire en Syrie ont fonctionné selon un processus accepté d'avance qui établissait les critères de sélection pour choisir les réfugiés, a déclaré M. Alexander en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le principe de base était d'aider les plus vulnérables, mais des priorités additionnelles ont dû être appliquées, a-t-il ajouté.

Et c'est ce que le Canada a fait, maintient-il.

M. Alexander, qui a perdu son siège dans la région de Toronto lors des dernières élections en octobre, était à la tête du ministère de l'Immigration quand les conservateurs ont annoncé en janvier 2015 qu'ils augmenteraient le nombre de réfugiés syriens qui seraient accueillis par le Canada, le faisant passer de 1300 à 10 000.

Mais ils avaient aussi annoncé qu'ils se concentreraient sur les membres de minorités ethniques et religieuses, suscitant ainsi des accusations de préjugés contre les musulmans et de violation des règles établies par l'ONU.

La plupart des minorités religieuses de la région font partie de groupes chrétiens. Les Nations unies avaient demandé spécifiquement aux pays de ne pas se servir de la religion comme facteur pour déterminer qui accepter comme réfugiés.

La méthode des conservateurs a été clarifiée cette semaine lorsque des documents ont été déposés à la Chambre des communes en réponse à une question du Nouveau Parti démocratique.

Dans ceux-ci, le ministère de l'Immigration indique que les agents de visa qui travaillaient au Liban et en Jordanie choisissaient les cas en fonction d'«axes prioritaires» et ont traité ceux-ci plus rapidement, alors que les autres cas ont été traités dans les délais habituels.

M. Alexander maintient que la religion et l'appartenance ethnique n'étaient pas les seuls axes prioritaires.

Un document qu'il a fourni détaillant ces principes ne fait aucune mention de religion ou d'ethnie, mais M. Alexander a déclaré qu'il était entendu que ceux-ci faisaient partie d'une catégorie définie comme ceux qui appartiennent à un groupe pour lequel les autorités sont incapables de fournir une protection adéquate.

Il a aussi signalé un autre document, disponible sur le site internet de la branche britannique du Haut Commissariat.

«Les réfugiés qui font face à des menaces sérieuses à leur sécurité physique, en particulier en raison de leurs opinions politiques ou parce qu'ils appartiennent à un groupe ethnique ou religieux, peuvent aussi être priorisés», est-il écrit dans ce document.

En priorisant les minorités religieuses, les conservateurs ne favorisaient pas une seule religion, a noté l'ancien ministre. Et cela reflétait la nature du conflit, dans lequel des extrémistes islamistes ciblent des minorités chrétiennes, notamment.

«Le principe que nous avons favorisé était le besoin humanitaire», a-t-il ajouté.

Le ministère de l'Immigration n'a pas été en mesure de fournir des statistiques sur la religion et l'origine ethnique des réfugiés admis au Canada, affirmant qu'il ne recense pas ces informations.