«C'est la moindre des choses» que le Parlement se dote de procédures pour contrer le fléau du harcèlement, et Thomas Mulcair y est allé de quelques suggestions, jeudi, afin d'y parvenir.

Dans une lettre adressée au premier ministre Stephen Harper et au chef libéral Justin Trudeau, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) suggère la mise en place d'un «code de conduite officiel» sur le harcèlement au Parlement.

Soutenant vouloir aller «au-delà des lignes de parti», il propose également la nomination d'un agent du Parlement «indépendant et non partisan» qui aurait entre autres la responsabilité d'examiner les incidents et de faire enquête au besoin.

La nouvelle approche préconisée par M. Mulcair devrait aussi comprendre une «définition claire du harcèlement» qui serait communiquée à l'ensemble des députés de la colline. Celle-ci affirmerait clairement qu'aucun harcèlement, «sexuel ou de toute autre nature», ne sera toléré au Parlement.

Le chef néo-démocrate précise par ailleurs dans sa missive datée du 13 novembre que les victimes de harcèlement devraient conserver «un droit sans restriction» sur le contrôle de leurs plaintes et sur le respect de leur vie privée.

Il s'agit là d'une critique à peine voilée à l'endroit de M. Trudeau, qui a pris le NPD de court la semaine dernière en annonçant la suspension de deux députés libéraux pour des «fautes personnelles» graves qui auraient été commises auprès de deux députées d'un autre caucus.

En l'espace de quelques heures à peine, l'enjeu était devenu politique.

Les néo-démocrates ont accusé leurs adversaires d'avoir «revictimisé» les deux députées de leur caucus en faisant une annonce sans le consentement de ces dernières, ce à quoi les libéraux ont répliqué qu'il y avait devoir d'agir.

En annonçant la suspension des députés Massimo Pacetti et Scott Andrews pour des «fautes personnelles» alléguées, mercredi de la semaine dernière, le chef libéral avait lui aussi plaidé pour l'instauration de nouvelles règles.

«Écoutez, nous sommes en 2014. Il est temps que notre lieu de travail, comme les autres lieux de travail au pays, se dote d'un processus grâce auquel ces enjeux peuvent être discutés et réglés», avait-il déclaré.

Les deux députés qui ont été éjectés du caucus libéral nient avoir quoi que ce soit à se reprocher.

Le bureau de M. Trudeau a accueilli favorablement, jeudi, les suggestions contenues dans la missive du chef du NPD, disant cependant vouloir prendre le temps de bien les étudier avant de les commenter dans le détail.

«On est en faveur de tout ce qui pourrait réduire le harcèlement sur la colline et faire en sorte que les gens soient plus en sécurité dans leur milieu de travail», a résumé Cameron Ahmad, attaché de presse au bureau du chef libéral.

Le Cabinet du premier ministre Stephen Harper n'a pas réagi directement au contenu de la lettre envoyée par Thomas Mulcair.

«Le Bureau de régie interne (BRI) a été chargé d'examiner cette affaire, et ce processus sera maintenant entrepris», s'est-on contenté de déclarer jeudi dans un bref courriel transmis à La Presse Canadienne.

Le BRI, qui est composé de six députés et du président de la Chambre des communes, Andrew Scheer, doit se réunir le 25 novembre pour discuter de l'affaire.

Selon Thomas Mulcair, une rencontre devrait avoir lieu avec les représentants de tous les partis et du bureau du président de la Chambre «dès la semaine prochaine», peu importe si elle se tient dans le cadre de structures déjà existantes.

«Nous espérons ainsi démarrer le processus d'élaboration du cadre de travail qui nous permettra de trouver, dès aujourd'hui, des solutions durables à ces questions et de prouver aux Canadiens que les députés sont déterminés à créer un environnement de travail sécuritaire, respectueux et exempt de harcèlement», est-il écrit dans la lettre qu'il a cosignée avec la whip de son parti, Nycole Turmel.