Mario Beaulieu, un militant de longue date de la défense du français et de la souveraineté du Québec, a officiellement lancé sa campagne pour la course à la direction du Bloc québécois, mercredi à Montréal, appuyé par le président du Forum jeunesse du Bloc, Xavier Barsalou-Duval, et de l'écrivain Yves Beauchemin.

M. Beaulieu, président sortant de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, mise sur le message indépendantiste à fond de train. Selon lui, la défaite du Parti québécois au scrutin du 7 avril vient justement du fait qu'il a trop dilué le message indépendantiste au profit de celui du bon gouvernement. Il se propose donc de faire la promotion de la souveraineté avant, pendant et après la campagne.

«Le résultat de la dernière campagne électorale (au provincial) a été comme un coup de fouet. C'est l'aboutissement de la stratégie défensive qui a été mise en oeuvre depuis les 20 dernières années et qui a été centrée sur la bonne gouvernance du Québec en tant que province plutôt que sur la nécessité de devenir un pays pour assumer pleinement notre développement en tant que peuple. Pour un parti souverainiste, mettre la promotion de l'indépendance de côté, c'est un peu mettre sa raison d'être de côté», a plaidé M. Beaulieu.

À ses côtés, l'auteur du «Matou», Yves Beauchemin, a utilisé un langage coloré pour décrire les dangers de trop édulcorer le message souverainiste. «Contrairement à d'autres qui, sans doute inspirés par le triomphe électoral récent du PQ, considèrent qu'il faut continuer à diluer le message, Mario doit penser que quand on veut vendre du jus de pommes biologique de Mont-Saint-Hilaire, ce n'est pas une bonne idée de le diluer avec du Kool-Aid, même si ça augmente les marges de profits», a-t-il dit.

M. Beaulieu pense pouvoir ranimer la flamme souverainiste en parcourant le Québec, en rencontrant des jeunes dans les cégeps et les universités et en tenant des assemblées de cuisine, comme jadis.

Il estime qu'il faut vendre l'option souverainiste en convainquant les gens qu'il s'agit d'une façon d'être propriétaire de son chez soi et de prendre ses décisions soi-même.

Actuellement, dit-il, les partisans de la souveraineté n'ont qu'un «tire-pois» pour combattre les fédéralistes qui dépensent des millions de dollars pour défendre leur vision du Canada - il cite l'existence de Patrimoine Canada et du Conseil pour l'unité canadienne, par exemple.

Il propose donc que chaque député bloquiste prenne 50 000 $ de son salaire - la différence entre le salaire d'un député fédéral et celui d'un député provincial - pour le consacrer à la promotion de la souveraineté du Québec. Avec 20 députés du Bloc québécois, cela donnerait 1 million $ pour la promotion de l'indépendance, fait-il valoir.

Pour démontrer leur sérieux au parti, les candidats doivent amasser 15 000 $. «Déjà, avant même de commencer la campagne, il y a des gens qui m'ont téléphoné pour offrir leur soutien financier. Je ne pense pas que ça va être un problème (de recueillir la somme). Le défi, c'est vraiment d'aller chercher les 1000 signatures en une semaine; 1000 signatures de membres actifs, dont 15 au moins dans 25 comtés différents», a confié M. Beaulieu.

Comme il n'a reçu son bulletin de mise en candidature que mardi, il n'a pas encore commencé à recueillir ses signatures.

«Il y a plusieurs personnes qui m'ont contacté pour me dire qu'elles reprenaient leur carte de membre du Bloc québécois. On verra l'ampleur», a ajouté M. Beaulieu

Le député bloquiste de Richmond-Arthabaska, André Bellavance, a déjà manifesté son intérêt pour la direction du parti souverainiste fédéral.

À la différence de M. Beaulieu, M. Bellavance a évoqué la nécessité que le Bloc soit plutôt une sorte de «coalition de militants, mais aussi de gens qui n'ont jamais milité au sein du Bloc, mais qui sont dédiés à l'avancement du Québec».

Les intéressés doivent déposer leur bulletin de mise en candidature, en respectant les conditions énoncées d'ici le 7 mai. Le choix du chef sera connu le 14 juin.