L'ancien ministre des Finances, Jim Flaherty, est décédé, quelques semaines à peine après avoir quitté la vie publique.

Son épouse, la députée ontarienne Christine Elliott, a confirmé sa mort par la voie d'un bref communiqué. «Christine Elliott et ses fils [...] veulent informer les Canadiens et que son mari bien-aimé et leur père est décédé paisiblement hier à Ottawa », ont-ils déclaré. 

La cause du décès n'a pas été dévoilée. 

M. Flaherty a démissionné de son poste en mars en disant qu'il voulait désormais travailler dans le secteur privé. Il avait nié que son départ était lié à son état de santé.

Âgé de 64 ans, il souffrait depuis un an d'une rare maladie de la peau, la pemphigoïde, qui est caractérisée par l'apparition de bulles sous l'épiderme. Il devait prendre des corticostéroïdes pour la traiter.

Secoué par la nouvelle de son «partenaire et ami», le premier ministre Stephen Harper a rendu hommage à celui qui a été le visage économique de son gouvernement.

«Aujourd'hui est une journée très triste pour moi, pour notre gouvernement et pour tout notre pays. J'ai appris il y a peu de temps que notre collègue, mon partenaire et mon ami, Jim Flaherty, est décédé soudainement aujourd'hui »,  a affirmé M. Harper alors qu'il avait réuni tout son caucus dans la salle habituelle de l'édifice du centre du Parlement pour leur adresser quelques mots

Accompagné de son épouse, Laureen Harper, qui pleurait à chaudes larmes, le premier ministre a dit qu'il avait « le coeur gros » en apprenant cette triste nouvelle et a offert ses condoléances à la famille.

«Jim va nous manquer cruellement, non seulement parce qu'il avait beaucoup d'amis des deux côtés de la Chambre,(...) mais il va aussi manquer à des milliers et des milliers de Canadiens envers qui il s'est dévoué et qu'il a aidé durant sa longue et fructueuse carrière politique», a déclaré M. Harper, cachant mal sa peine.

M. Harper s'est ensuite recueilli avec ses députés en privé.

Fait exceptionnel : le président de la Chambre des communes a suspendu la période de questions lorsque la nouvelle a été rapportée dans les médias. Plusieurs politiciens ont paru très affectés par la nouvelle et des députés de l'opposition ont traversé de l'autre côté de la Chambre pour offrir leurs sympathies à leurs adversaires.

M. Flaherty a été nommé titulaire des Finances dès l'arrivée au pouvoir du gouvernement Harper en 2006. Il est l'un des ministres des Finances à avoir occupé le poste le plus longtemps dans l'histoire canadienne.

Son mandat a été marqué par la crise financière de 2008. Sous la pression de l'opposition, il a adopté un plan de stimulation économique de plusieurs milliards de dollars. Son objectif au cours des années suivantes a été de rembourser la dette encourue par ce plan d'action, ce qu'il prévoyait faire d'ici l'an prochain, tout juste avant le déclenchement des élections fédérales. M. Flaherty avait souvent exprimé son désir de rester aux Finances jusqu'à ce que le déficit fédéral soit éliminé. Le destin en aura décidé autrement.

La police a confirmé avoir répondu à un appel de service à 12h27 à une adresse qui concorde avec celle de M. Flaherty à Ottawa. L'appel était de nature médicale et non criminelle, a précisé une porte-parole. Il visait une personne dépourvue de signes vitaux. Le décès aurait été constaté sur les lieux.

Les services policiers sont toujours sur place. Un policier fait le guet devant l'immeuble. Une vingtaine de journalistes font le pied de grue pour savoir ce qui lui est arrivé.

Les réactions au décès de M. Flaherty ont déjà commencé à affluer. « C'était un grand Canadien, a dit le chef du NPD Thomas Mulcair, visiblement affecté par la nouvelle. C'était un serviteur de l'État très dévoué et il nous manquera à nous tous.  »

«C'est difficile, a réagi l'ancien premier ministre de l'Ontario, Mike Harris sur les ondes de CTV. En fait, j'ai eu une conversation avec lui hier, discutant de l'avenir et des choses qu'il voulait faire.»

M. Harris a indiqué que son vieil ami n'a donné aucune indication voulant que sa santé pouvait être à ce point défaillante. « C'est une perte immense pour ceux qui le connaissaient », a-t-il ajouté.

La mort de M. Flaherty a aussi surpris des voisins. « Je n'arrive pas à y croire, s'est exclamé un passant après avoir appris la raison de la commotion. Je l'ai vu à mon bar pas plus tard qu'hier.»