Le passage du puissant typhon Haiyan qui a fait au moins 10 000 morts dans la seule ville de Tacoblan, aux Philippines, fait craindre le pire à certains membres de la communauté philippine au Canada.

Plusieurs se sont réunis dimanche afin de prier pour les survivants et tenter de rassembler du matériel d'aide pour l'envoyer dans les zones les plus gravement touchées de l'archipel.

Une Torontoise d'origine philippine, Josephine Herrera, a souligné que plusieurs s'inquiétaient parce qu'il leur était impossible de communiquer avec les membres de leur famille restés au pays.

Mme Herrera, âgée de 51 ans, s'est établie au Canada avec sa famille en 2002. Elle a expliqué que la maison familiale aux Philippines a été endommagée par le typhon, que ses deux soeurs se trouvent coincées dans l'une des régions les plus gravement touchées et qu'elles ignorent comment le reste de la famille se porte.

Le ministre fédéral du Développement international, Christian Paradis, a annoncé dimanche que le gouvernement conservateur verserait une somme équivalant à l'ensemble des dons faits par des Canadiens aux oeuvres caritatives enregistrées.

Par ailleurs, son collègue des Affaires étrangères, John Baird, avait déjà fait savoir qu'Ottawa dégagerait 5 millions $ pour soutenir les organisations humanitaires qui viendraient en aide aux victimes du typhon.

Selon les autorités locales, le bilan des victimes risque d'être revu à la hausse lorsque les secouristes atteindront les lieux pour l'instant isolés en raison d'inondations et de glissements de terrain.

Le courant et les communications n'ont toujours pas été rétablis depuis le passage du typhon, vendredi, dont les vents forts et les vagues démesurées ont balayé maisons et écoles, entre autres.

Des églises canadiennes ont réuni ce week-end des groupes de personnes désireuses d'apporter leur soutien aux victimes du typhon.

Le pasteur philippin de l'Alliance Church de Toronto, Rodrigo Felomino, a indiqué que certains de ses membres étaient anxieux de ne pouvoir joindre leurs proches et que le reste de la communauté souhaitait les aider.

Il a précisé que des rencontres seraient tenues dimanche pour déterminer quels biens, par exemple des aliments en conserve et couvertures, pourraient être acheminés jusqu'aux Philippines.

Des équipes canadiennes contribueront par ailleurs à la mobilisation internationale qui s'organise, dont une équipe de premiers répondants de Global Medic, une organisation torontoise. Ils se sont envolés en direction des Philippines, emportant avec eux des purificateurs d'eau et autres fournitures d'aide.

La Croix-Rouge canadienne se tient quant à elle sur le qui-vive, et ce, «tant au niveau des ressources spécialisées que des gens qui vont s'occuper de la logistique», a indiqué un porte-parole bénévole, Denis Désilets.

«Nous sommes en attente de demandes spécifiques provenant de la Croix-Rouge philippine», a-t-il ajouté.

Le typhon Haiyan pourrait bientôt atteindre le Vietnam, et la Croix-Rouge du Canada se tient sur un pied d'alerte pour y offrir, là aussi, son aide si nécessaire.

«Un fonds d'aide a été créé pour les Philippines et nous en créerons un autre si la situation est tout aussi importante au Vietnam», a mentionné M. Désilets, précisant que le montant des dons recueillis au Canada ne serait pas connu avant lundi.

Un directeur de CARE Canada a de son côté indiqué que son organisation prévoyait envoyer des biens de première nécessité comme de l'eau, de la nourriture et des abris aux communautés où le typhon a tout rasé.

Des secours envoyés du monde entier

Les pays et les organisations à travers le monde, dont les États-Unis, les Nations unies et l'Union européenne, ont envoyé des secours aux Philippines dont certaines régions ont été dévastées par le  typhon Haiyan.

L'aide de l'armée américaine est en route depuis l'annonce par le Pentagone que le secrétaire à la Défense Chuck Hagel avait répondu positivement à demande d'assistance de Manille. Cette aide comprend des bateaux de recherche et de secours et des avions cargo provenant des unités de la marine américaine dans la Pacifique.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a promis que les agences spécialisées de l'ONU «réagiraient rapidement pour assister les personnes qui en ont besoin». Dès samedi le Programme alimentaire mondial (PAM) avait envoyé une équipe d'évaluation des besoins à Tacloban, l'une des zones les plus touchées. Elle organisait également dans l'immédiat le transfert de 40 tonnes d'aide alimentaire sous forme de biscuits hautement protéinés.

L'UNICEF (Fonds des Nations unies pour l'enfance) a annoncé qu'un avion cargo transportant 60 tonnes de produits, dont des tentes et des médicaments, serait aux Philippines mardi et que cet envoi serait suivi par celui d'équipements sanitaires et de purificateurs d'eau.

La Commission européenne a annoncé le déblocage de 3 millions d'euros pour les opérations de secours.

La Grande-Bretagne a offert une enveloppe de secours d'un montant de 9,6 millions de dollars. Et l'ambassade d'Allemagne à Manille a annoncé, de son côté, le départ de 23 tonnes d'équipement de secours tandis que des équipes allemandes de secouristes sont déjà à l'oeuvre sur place.

Le Pape François, «profondément attristé» par le désastre, a demandé dimanche aux catholiques de fournir «une aide concrète» à ce pays et pris la tête d'une prière pour les Philippines regroupant 60 000 fidèles.

«Malheureusement, il y a beaucoup, beaucoup de victimes et les dommages sont immenses» a-t-il dit. Samedi il avait tweeté aux Philippins l'expression de sa compassion.

Parmi les autres aides :

- Médecins sans Frontières a envoyé 200 tonnes de médicaments, tentes, et produits d'hygiène qui devraient arriver en milieu de semaine. Un cargo devait partir de Dubaï lundi et un autre de Belgique mardi.

- La Nouvelle-Zélande et l'Australie ont fait un premier don de 490 000 dollars et ont promis d'en faire d'autres lorsque l'étendue des dégâts sera mieux connue.

- L'ONG britannique Oxfam a annoncé avoir envoyé une équipe de secouristes.

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