Les Canadiens ne veulent pas revivre le «vieux débat sur l'avortement», a soutenu la ministre fédérale de la Condition féminine lundi, au moment où des militants des deux camps soulignaient le 25e anniversaire du célèbre arrêt de la Cour suprême sur la question.

Rona Ambrose répondait à une question de la députée néo-démocrate Niki Ashton, porte-parole du parti en matière de condition féminine, lorsqu'elle a emprunté une déclaration de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

«Si vous me permettez de voler une citation d'une personne que j'admire beaucoup, Hillary Clinton, je crois que l'avortement devrait être sécuritaire, légal et rare», a lancé Mme Ambrose pendant la période de questions.

«C'est un sujet que les femmes ne sont pas intéressées à débattre», a-t-elle ajouté.

Plus tôt lundi, lors d'une conférence de presse visant à souligner l'anniversaire, Mme Ashton a dépoussiéré ce qui a déjà été un refrain populaire au sujet des conservateurs de Stephen Harper : ils cachent, selon elle, un désir secret d'abolir l'avortement.

«Le Parti conservateur a maintes fois dissimulé ses tentatives de faire reculer les droits des femmes en matière de procréation», a-t-elle affirmé.

«Malgré les déclarations du premier ministre disant qu'il ne rouvrirait pas le débat sur l'avortement, des députés d'arrière-ban, en plusieurs occasions... ont proposé des motions, avec l'appui d'éminents ministres, qui ne visaient que ça : rouvrir le débat sur l'avortement.»

La plus remarquée de ces motions est venue du simple député Stephen Woodworth, qui demandait qu'un comité se penche sur la question du début de la vie, dans le contexte de sa définition dans le Code criminel.

Bien que la Cour suprême ait statué, en 1988, que la loi interdisant l'avortement allait à l'encontre des droits des femmes, plusieurs Canadiennes ne peuvent toujours pas employer cette procédure parce qu'elles vivent trop loin de cliniques, a par ailleurs ajouté Mme Ashton.

«Il existe des secteurs du Canada, comme à l'Île-du-Prince-Edouard, où les femmes ne peuvent pas obtenir un avortement, et au Nouveau-Brunswick, où les restrictions sont importantes, a-t-elle observé. Et il est évident que pour les femmes vivant dans des régions rurales à travers le Canada, l'accès aux services de procréation représente un imposant défi».

Mme Ashton a cité un sondage en ligne Angus Reid, dévoilé au cours du week-end, selon lequel 60 pour cent des répondants disent ne pas vouloir que l'on relance le débat sur l'avortement. Cependant, le même pourcentage de répondants a dit être en faveur d'une interdiction d'interrompre une grossesse dans le seul but de choisir le sexe de l'enfant à naître.

«Les gens sont très inquiets», a reconnu Mme Ashton, sans pour autant dire si le NPD appuierait une telle loi.