À peine cinq semaines après avoir remporté un gouvernement majoritaire, le Parti conservateur doit composer avec certains de ses vieux démons: la faible représentation du Québec au sein du parti et les règles qui devraient prévaloir lors de la prochaine course au leadership.

Réunis en congrès national jusqu'à samedi dans la capitale fédérale, quelque 2300 militants conservateurs ont exhibé leur satisfaction, hier soir, de voir leur parti détenir enfin une majorité des sièges à la Chambre des communes.

«Il n'y a plus de siège libéral imprenable au Canada», a lancé le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, sous les applaudissements nourris des militants, se félicitant au passage des gains conservateurs dans la région de Toronto et des appuis obtenus chez les communautés ethnoculturelles.

Regagner le Québec

Mais les quelque 200 militants du Québec qui participent à ce rassemblement conservateur veulent que leur parti prenne les moyens pour regagner le terrain perdu dans la province. Le Parti conservateur a perdu 6 de ses 11 sièges au Québec au dernier scrutin.

Certains avancent déjà quelques idées. «Mon message est simple. Nous avons quatre ans devant nous et nous devons rebâtir le parti de haut en bas. [...] Nous devons changer l'image du chef, nous devons changer l'image de notre parti, qui est vu à tort comme un parti extrémiste de droite», a affirmé Peter White, président de l'Association du Parti conservateur de Brome-Missisquoi.

Pour lui, le parti doit consacrer autant d'efforts à modifier son image au Québec qu'il l'a fait auprès des communautés ethniques du pays au cours des dernières années. Il a affirmé que le travail qu'a fait Jason Kenney auprès de ces communautés a rapporté gros au dernier scrutin et qu'un même exercice doit être fait au Québec.

Certains députés conservateurs défaits au Québec ont convenu que leur parti a un travail important de reconstruction à faire dans la province.

«Au Québec, actuellement, les gens n'achètent pas notre parti, le Parti conservateur. Il faut corriger cette situation, pour faire en sorte qu'à la prochaine campagne électorale, au lieu de faire élire cinq députés, nous en ayons nettement davantage dans notre province» a dit Jean-Pierre Blackburn, qui était ministre des Anciens combattants et a été défait dans Jonquière-Alma.

Lawrence Cannon, qui était ministre des Affaires étrangères et a aussi été défait par un candidat du NPD, a abondé dans le même sens.

«Je pense qu'il y aura lieu d'avoir un effort de reconstruction. Il y a des hommes et des femmes qui ont travaillé de longue date évidemment. On a été victime d'une espèce de tsunami. Mais la partie n'est pas terminée. On est capables de se rebâtir. Le Parti conservateur est fort. Il a une bonne capacité d'enracinement», a-t-il dit.

Changement de règles en vue

S'ils ont le goût de célébrer leur victoire du 2 mai durant ce congrès, les militants conservateurs risquent de s'affronter sur une nouvelle tentative du député conservateur de l'Ontario, Scott Reid, de changer les règles concernant le poids des circonscriptions au cours d'une éventuelle course au leadership.

À l'heure actuelle, les circonscriptions ont toutes le même poids quand vient le temps de choisir un chef ou de voter sur les orientations du parti, peu importe qu'elles comptent 100 ou 10 000 membres.

M. Reid et ses alliés veulent plutôt accorder un pointage de 100 points aux circonscriptions qui détiennent peu de membres, et un maximum de 400 points aux comtés qui ont recruté avec succès. Il présente sa résolution comme un compromis par rapport à ceux qui veulent la formule «un membre un vote».

Cette proposition réduirait l'influence du Québec dans une éventuelle course au leadership. Les militants du Québec s'opposent à ce changement, tout comme les militants des provinces atlantiques.

«Je favorise le statu quo. Je pense que les comtés doivent être égaux. Cela permet à un parti national de se développer partout au pays. C'est entendu qu'il peut y avoir des amendements. On verra comment le débat ira. Ce n'est pas bon en général et cela vient à régionaliser... Un parti national doit se développer partout», a dit le ministre de l'Industrie, Christian Paradis.