(Québec) Encore soufflés par les débats qu’ils viennent de voir, Ariane, Henri et Anthony se concertent sur les leçons qu’ils retirent de cette première expérience d’une période des questions. Premier constat : s’ils reviennent un jour au Salon bleu, ils souhaitent entendre plus de faits et de solutions aux problèmes du Québec, mais surtout moins d’attaques personnelles entre les députés.

« Mon premier conseil, c’est de baser leurs échanges sur l’écoute et d’arrêter de vouloir paraître comme la meilleure personne, parce que c’est en faisant ça que tu ne le deviens pas. Ceux qui prennent le temps d’écouter et qui reconnaissent leurs erreurs, quand ils le font, ils passent vraiment pour des personnes que les gens voient comme des humains qui font bien leur job », analyse Ariane, alors que nous prenons place pour ce bilan dans une salle de sous-commission que nous a prêtée l’Assemblée nationale.

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Notre journaliste accompagné d’Anthony, Ariane et Henri

Ce sont des adultes, des personnes qui sont payées pour argumenter et pour débattre, mais pourtant, j’ai entendu beaucoup d’insultes. Il n’y a jamais eu un accord pour reconnaître les qualités de l’autre et combiner des idées pour faire avancer les choses. Ils jouent plutôt au roi de la montagne. Tasse-toi, c’est ma place. C’est ça qu’ils font.

Anthony

Malgré ces constats tranchants, Henri, qui a visité l’an dernier l’hôtel de ville de Québec et qui espère se rendre l’an prochain à la Chambre des communes à Ottawa pour conclure son pèlerinage politique, trouve que « ça reste de très bons débats de très haut niveau ». Seul bémol : « tout était beaucoup trop porté sur les attaques personnelles », dit-il.

Nuancer certaines émotions

Les trois élèves sont surpris du caractère très émotif des échanges auxquels ils ont assisté.

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Henri Lacoste

Les députés laissent vraiment beaucoup les émotions entrer dans leurs discours. Je pense que dans un débat, on devrait établir des faits et l’autre personne répondre aux faits en donnant une réponse qui fait avancer [l’enjeu].

Henri

Nos juges invités ont également été amusés par le sens de la répartie des élus. La députée libérale Marwah Rizqy a marqué leur esprit, notamment en présentant un tableau entièrement caviardé par le gouvernement ou en montrant la couverture du livre How Big Things Get Done (une lecture que le bras droit de François Legault, Martin Koskinen, a bien aimée), qu’elle a retitré How Big Things Get Botched.

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Anthony Daigle

« Ça m’a fait rire, mais on aurait pu s’en passer. Le but était de ridiculiser l’autre personne et ç’a marché, j’ai ri. Pourtant, l’encadré, je ne comprenais même pas trop ce que ça voulait dire », reconnaît Anthony.

Tout au long de la période des questions, Ariane a également noté que les députés du gouvernement ont parfois tendance à dévier le sujet d’une question pour se poser eux-mêmes une question pour laquelle ils ont des chiffres ou des données à présenter.

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Ariane Lussier-Frédérick

Plus il y a d’attaques personnelles, plus il y en aura d’autres dans les prochaines périodes des questions, parce que l’un va se rappeler ce que l’autre lui a fait.

Ariane

Pour Anthony, cette expérience lui aura au moins permis de constater que « ce n’est pas parce que tu es assis sur un siège de député, que tu es payé pour débattre, que tu as fait des années d’études que tu es moins humain » que des élèves du secondaire.

Alors, nos élus passeraient-ils leur cours de Culture et citoyenneté québécoise ? Après les débats, « je pense que le prof aurait dit : bon, on va recommencer », dit Ariane en rigolant.