De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Bonne semaine : Christine Fréchette

Avez-vous entendu parler du débat de la commission parlementaire sur la révision des cibles d’immigration ? Probablement pas, et ce n’est pas une mauvaise nouvelle. La raison : les débats étaient respectueux et sérieux. Rien à voir avec la politique-spectacle conçue pour exciter les foules et alimenter les faiseurs d’opinion. Même si tous les élus ont bien travaillé, la ministre responsable Christine Fréchette est la principale responsable de cet apaisement. Elle n’a pas pour autant renié les principes de la Coalition avenir Québec. Au contraire, elle cherche à protéger le français, quitte à mécontenter les universités anglophones. Elle défend ses principes, même quand ils déplaisent aux élites économiques, mais elle garde la tête froide.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine : Gabriel Nadeau-Dubois

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin et co-porte-parole de Québec solidaire

On découvre cette semaine un nouveau parti, Québec désolidaire. Son co-porte-parole s’est désolidarisé du boycottage publicitaire de Meta durant l’élection partielle dans Jean-Talon. Comme le Parti libéral, QS se range dans le camp d’une multinationale étrangère qui défie la volonté du Canada de partager une partie de ses revenus avec les médias, étant donné les ravages causés par quasi-monopole publicitaire avec Google. L’argument de GND est stupéfiant. Il dit refuser les « gestes symboliques ». Selon cette logique, manifester ne sert à rien. Conduire un VUS, ça ne change rien non plus – l’effet sur le climat reste marginal. Inutile de coopérer pour changer les choses. Chacun réfléchit seul dans son coin en fonction de ses intérêts immédiats et égoïstes. L’hypercapitalisme de Silicon Valley fonctionne finalement très bien avec la nouvelle philosophie « solidaire ».

Paul Journet, La Presse

Le chiffre de la semaine

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Selon un dénombrement officiel datant d’octobre 2022, le Québec comptait pas moins de 10 000 personnes vivant en situation d’itinérance.

10 000

Cette donnée, qui est sous-estimée, représente le nombre de sans-abri que comptait le Québec le 11 octobre 2022, selon un dénombrement officiel. Ce chiffre est en hausse de 44 % en cinq ans.

La période des questions

En ces temps de crise du logement, quels sont les plans de la CAQ concernant l’Hôtel-Dieu de Montréal ?

Robert Bourdeau

Fermé en 2017 dans la foulée de l’ouverture du CHUM, l’Hôtel-Dieu a repris du service pendant la pandémie pour accueillir des patients qui ne pouvaient retourner dans leurs milieux d’hébergement en raison de la COVID-19. L’ancien hôpital héberge aussi depuis 2021 une clientèle itinérante (189 chambres du pavillon Le Royer). Par ailleurs, un site satellite temporaire de l’Hôpital général juif y sera aménagé dès cet automne. Les patients et les membres du personnel y seront transférés pour faciliter la rénovation de certaines unités de l’Hôpital général juif. Enfin, un regroupement d’organismes a soumis une proposition de projet de redéveloppement de l’Hôtel-Dieu avec une vocation sociale et communautaire.

L’électronique arrive au Salon bleu

Ça frétillait d’excitation mardi au Salon bleu. Non, la météo ne prévoyait pas une tempête de neige (quoiqu’à Québec, on a l’impression que l’hiver arrive toujours plus vite…). C’est plutôt la tenue d’un premier vote électronique après la période des questions qui mettait de l’électricité dans l’air. Cette pratique, pourtant acquise depuis longtemps dans d’autres États, était jusqu’à cette semaine impossible au Parlement. En 2023, voilà qu’elle arrive au Salon bleu, qui fermera par ailleurs ses portes au cours des prochains mois pour subir une cure de jouvence.

Couac à la CAQ

Jean-François Roberge n’a pas été « super quick » comme le faucon pèlerin cette semaine. Le ministre de la Langue française a d’abord affirmé que l’English Week qui fait controverse au cégep Garneau « n’est pas un problème ». Au même moment, sa collègue de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, lançait que « l’anglais n’a pas besoin de vitrine » au Québec. Visiblement, les ministres n’avaient pas accordé leurs violons avant de parler. Le premier ministre François Legault a finalement tranché : l’English Week « n’est pas une bonne idée ».

Les yeux rivés sur Marwah Rizqy

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Marwah Rizqy, députée de Saint-Laurent, lors de son retour au Salon bleu, en décembre 2022, avec son fils Gabriel

La pression s’accentue sur Marwah Rizqy, la députée libérale de Saint-Laurent, pour qu’elle se lance dans la course à la direction du parti. « C’est une députée de grande qualité […] je suis convaincu que Marwah Rizqy aurait énormément d’appuis dans le Parti libéral », a confié son collègue André Fortin cette semaine. Mme Rizqy s’est illustrée ces dernières années comme étant une critique pugnace en éducation. Après avoir renoncé à de multiples reprises à une participation à la course, elle a finalement affirmé cette semaine qu’elle était désormais « tiraillée ». Les paris sont ouverts.

Bloquer ou ne pas bloquer ?

Des politiciens peuvent-ils empêcher des citoyens harcelants de les contacter sur les réseaux sociaux ? La Cour fédérale a ordonné cette semaine au ministre Steven Guilbeault de débloquer Ezra Levant, fondateur de Rebel News, sans statuer sur le fond de la question. L’ordonnance a été rendue à la suite d’une entente entre les deux parties. M. Levant se plaignait de ne pas pouvoir interagir avec le ministre de l’Environnement et du Changement climatique après lui avoir lancé des insultes. Il pourra désormais voir les publications du ministre sur X, mais ne saura pas si ce dernier a plutôt choisi de le mettre en sourdine.

Pas de « mamours » à Ottawa

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Il ne faut pas s’attendre à des démonstrations d’affection entre adversaires politiques même si ceux-ci ont réussi à s’entendre pour l’enquête publique sur l’ingérence étrangère. « Il n’y en aura pas, des mamours, mais on va s’arranger pour que ça fonctionne pour le bien commun », a affirmé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, jeudi. Le ton des échanges à la Chambre des communes était particulièrement acrimonieux entre les libéraux et les conservateurs avant la relâche estivale. Les récentes critiques du chef conservateur Pierre Poilievre envers Justin Trudeau dans le dossier du logement laissent présager des échanges tout aussi corsés.