La date de l’élection partielle n’est pas encore annoncée dans la circonscription de Jean-Talon que les partis préparent déjà la ligne de départ. Au Parti libéral du Québec, des approches ont été faites auprès du député libéral fédéral Joël Lightbound. Caquistes et péquistes sont de leur côté à la recherche d’une candidature tout aussi ancrée localement, idéalement féminine.

Parti libéral du Québec – Reconquérir un château fort

Au plus bas dans les sondages, le Parti libéral du Québec (PLQ) n’entend pas pour autant faire une croix sur son ancien château fort. Les libéraux s’activent pour trouver un candidat qui lui permettrait de reprendre la circonscription de Jean-Talon, située dans les quartiers Sillery et Sainte-Foy à Québec. Le gouvernement a six mois à partir de la démission de la caquiste Joëlle Boutin pour déclencher une élection partielle.

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Le député libéral fédéral Joël Lightbound a été approché par le PLQ pour l’élection partielle provinciale de Jean-Talon.

Différentes approches ont été faites, notamment auprès du libéral fédéral Joël Lightbound. Élu du secteur sur la scène fédérale, il n’a jamais caché son intérêt pour la politique québécoise, notamment en ce qui concerne la course à la direction du PLQ. Fera-t-il le saut ? M. Lightbound a préféré ne pas faire de commentaires.

« Je ne veux pas spéculer sur les approches qui ont été faites [auprès de différentes] personnes. [Joël Lightbound] est une personnalité qui a déjà une très bonne notoriété dans la région de la capitale nationale. Je pense que c’est quelqu’un d’intelligent, d’articulé et de compétent qui fait un très bon travail. C’est une raison pour laquelle il a été en mesure de mériter la confiance à trois reprises des citoyens de sa circonscription », a pour sa part affirmé le président du PLQ, Rafaël Primeau-Ferraro.

Julie White, qui était candidate en 2022 et qui travaille désormais à l’agence de relations publiques Tact, n’a pas l’intention d’être candidate. Antoine Dionne Charest, qui s’implique auprès du comité sur la relance, entend aussi passer son tour.

Parti québécois – Profiter de sa lancée

Galvanisé par des sondages favorables, le Parti québécois (PQ) mise sur sa lancée pour aller chercher un quatrième siège au Parlement. Une victoire lui permettrait d’alimenter l’idée qu’il est un gouvernement en attente. Mais le défi est de taille : les électeurs de Jean-Talon n’ont jamais élu un député péquiste.

Dès l’annonce de la démission de Joëlle Boutin, le PQ a rapatrié son caucus présessionnel, prévu à la fin du mois, d’Alma vers Québec. Les péquistes veulent montrer qu’ils sont présents au cœur de la prochaine bataille électorale.

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Le Parti québécois aimerait une candidature féminine pour ajouter à son caucus exclusivement masculin (Joël Arseneau, le chef Paul St-Pierre Plamondon et Pascal Bérubé).

Plusieurs noms de candidats potentiels circulent. Chose certaine, le PQ aimerait bien une candidature féminine « de haut niveau », alors que son caucus est exclusivement masculin.

Jeudi, Radio-Canada a rapporté que la vice-rectrice de l’Université Laval, Eugénie Brouillet, avait été pressentie, mais qu’elle avait décliné l’offre. Des discussions ont aussi eu lieu avec l’ex-employée péquiste Antonine Yaccarini, qui a travaillé un certain temps dans un cabinet de la CAQ. La réponse a été non.

À Québec, le nom de Jeanne Robin – actuellement en vacances – est évoqué. Directrice de Vivre en ville, elle a été candidate péquiste dans la circonscription voisine de Taschereau, en 2022. Celui qui a représenté le PQ lors du dernier scrutin dans Jean-Talon, Gabriel Coulombe, enseignant au collégial et porte-parole du parti en matière d’économie, a montré un intérêt. Il n’est toutefois pas opposé à la possibilité de passer son tour.

Coalition avenir Québec – Protéger ses acquis

Le siège laissé vacant par la démission de Joëlle Boutin est encore chaud que la Coalition avenir Québec (CAQ) épluche déjà les CV. Avec l’abandon du troisième lien, le contexte pourrait avoir changé pour les caquistes à Québec. Deux sondages consécutifs ont placé le Parti québécois en tête des intentions de vote dans la capitale.

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Joëlle Boutin annonçant sa démission à titre de députée de Jean-Talon, le 19 juillet dernier

Ce n’est pas un secret que Mme Boutin souhaitait un siège au Conseil des ministres. Or, la grande région de Québec y est déjà bien représentée. Pour la directrice générale du parti, Brigitte Legault, le défi est de trouver une candidature de taille, connue localement, mais qui comprend que son avenir prévisible n’est pas au Saint des Saints.

La bataille sera aussi rude pour la personne qui acceptera le défi. Le PQ, Québec solidaire et les libéraux ont tous intérêt à s’imposer face au gouvernement, qui en est à son deuxième mandat.

Jean-Talon n’est pas un château fort caquiste. En 2018, lorsque la CAQ a pris le pouvoir, les libéraux avaient malgré tout remporté le siège. Les caquistes l’ont finalement ravi lors d’une élection partielle suivant la démission de Sébastien Proulx.

Québec solidaire – De deuxième à premier

Ce n’est un secret pour personne : Olivier Bolduc n’était pas le choix du parti pour représenter Québec solidaire (QS) cette fois-ci. L’exécutif national appuyait ouvertement sa rivale, la professeure de comptabilité à l’Université Laval Christine Gilbert. L’objectif, en ayant une candidate, était de ramener le caucus vers une plus grande parité, dans l’éventualité d’une victoire.

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Olivier Bolduc, Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, et Christine Gilbert lors d’un évènement de campagne en septembre dernier

Mme Gilbert s’était aussi illustrée lors de la dernière campagne électorale, alors qu’elle se présentait dans Lotbinière-Frontenac. Or, malgré plusieurs approches, y compris des discussions avec le chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois, M. Bolduc a insisté pour que les militants tranchent lors d’une investiture. Il a finalement remporté son pari.

Face aux électeurs, QS entend présenter son candidat comme une personne tenace – il l’a démontré à son propre parti – qui ne les laissera pas tomber. Pour QS, qui a terminé en deuxième position lors du dernier scrutin dans Jean-Talon, cette élection sera aussi un test pour convaincre ses partisans d’aller voter. La formation est populaire auprès des jeunes, or il n’y a pas de bureaux de vote sur les campus lors d’une partielle.

Parti conservateur du Québec – Fédérer les antitramway

Éric Duhaime ne se fait pas d’attente. Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), qui rêve d’un siège au Parlement (ou d’ici là d’un simple bureau), a déjà annoncé qu’il ne serait pas candidat lors de l’élection partielle. Or, les enjeux qui seront débattus dans Jean-Talon lui permettront de mettre en valeur ses idées auprès d’électeurs attentifs ailleurs dans le Grand Québec.

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Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, n’a pas l’intention de se présenter dans Jean-Talon.

Au cours de ses rencontres cet été, M. Duhaime a remarqué à quel point le coût de la vie préoccupe les Québécois. Les conservateurs mettront ce thème de l’avant, tout comme celui de la crise du logement.

Sur le plan régional, les troupes d’Éric Duhaime martèleront des critiques envers le projet de tramway de la Ville de Québec. Le tracé de ce grand projet que finance Québec passe au cœur de la circonscription de Jean-Talon. Le PCQ tentera de rallier les citoyens qui s’opposent à sa construction.