(Ottawa) Le député indépendant Han Dong pourra réintégrer le caucus libéral s’il le souhaite, a déclaré mercredi le premier ministre Justin Trudeau.

Le député de Toronto a démissionné du caucus libéral en mars dernier, affirmant qu’il souhaitait blanchir sa réputation à la suite d’allégations contenues dans des reportages.

Global News, citant des sources de sécurité nationale anonymes, a indiqué que M. Dong aurait déclaré à un diplomate chinois, en février 2021, que la libération des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, alors toujours détenus en Chine, profiterait aux conservateurs.

M. Dong avait immédiatement nié ces informations. Le député soutenait qu’il avait seulement encouragé le gouvernement chinois à libérer les deux hommes, arrêtés en décembre 2018 lorsque le Canada a interpellé à Vancouver Meng Wanzhou, dirigeante de Huawei, à la demande des États-Unis.

M. Dong a depuis intenté une poursuite contre Global pour ses reportages.

David Johnston, que M. Trudeau a nommé « rapporteur spécial » pour enquêter sur la réponse du gouvernement à l’ingérence étrangère, a indiqué mardi dans son rapport préliminaire que cette allégation était « fausse » et qu’elle avait eu « un effet très néfaste sur M. Dong ».

De passage à Winnipeg mercredi, M. Trudeau a déclaré aux journalistes qu’il avait hâte de discuter avec M. Dong pour savoir s’il estimait que sa réputation avait été blanchie et s’il voulait réintégrer le caucus libéral. « C’est son choix, mais j’ai hâte d’avoir cette conversation avec lui », a dit le chef libéral.

M. Dong a indiqué mardi dans un communiqué qu’il se sentait disculpé par le rapport de M. Johnston. Il a déclaré à la CBC mercredi qu’il « souhaitait absolument » siéger à nouveau avec les libéraux en Chambre.

Il n’a pas immédiatement répondu mercredi à une demande de commentaires.

Dans un communiqué publié mercredi, un porte-parole de Global News a déclaré que l’entreprise de presse avait « passé des mois » à examiner des dizaines de documents, y compris ceux du Service canadien du renseignement de sécurité, alors qu’il enquêtait et préparait des articles sur l’ingérence présumée de la Chine dans les élections canadiennes.

L’organisation s’est entretenue avec des « sources hautement qualifiées à de multiples occasions » et « s’est efforcé de vérifier les informations préparées par les hauts responsables du renseignement, dont beaucoup ont passé des décennies à enquêter sur les menaces à la sécurité du Canada », a soutenu le porte-parole.

« Nos sources ont risqué leur carrière et leurs moyens de subsistance pour avertir les Canadiens de l’ampleur de l’ingérence de la République populaire de Chine dans les processus démocratiques et les institutions gouvernementales du Canada », peut-on lire dans communiqué.

« Nous croyons en l’intégrité de notre journalisme dans tous les reportages de cette série, et au rôle essentiel qu’il joue dans la recherche de la responsabilité et de la transparence sur des questions vitales pour l’intérêt public. »

« L’allégation est fausse »

Dans son rapport, M. Johnston écrit que lorsque les allégations ont émergé, « des ministres et le premier ministre ont tenu à défendre M. Dong, qu’ils estiment avoir été très blessé par les reportages ».

« Ils n’ont pas cru les reportages lorsqu’ils ont été publiés puisqu’ils sont d’avis que M. Dong est un membre du caucus loyal et serviable, écrit M. Johnston. Ils n’ont reçu aucune recommandation sur cette allégation, puisqu’elle est fausse. »

C’est le Service canadien du renseignement de sécurité qui est chargé de recueillir des renseignements, de les analyser, puis de les transmettre aux ministères concernés pour qu’ils agissent, généralement en créant de nouvelles politiques.

M. Johnston écrit qu’il a pu examiner le même rapport de renseignement fourni au premier ministre en lien avec l’allégation visant M. Dong, « et l’on m’assure qu’il s’agit des seuls renseignements qui portent sur cette question ». C’est sur la base de ce rapport que M. Johnston peut affirmer que « l’allégation est fausse ».

Le rapporteur spécial convient que M. Dong a « continué à entretenir des liens étroits avec des représentants consulaires de la (République populaire de Chine) au moins pendant la campagne électorale de 2021 », et qu’il « a discuté des’deux Michael’avec un représentant » de la Chine.

« Mais il n’a pas suggéré au représentant que la (République populaire de Chine) prolonge leur détention », conclut M. Johnston.

Han Dong a été élu pour la première fois au Parlement dans la circonscription de Don Valley North en 2019 et il a été réélu en 2021. Il a démissionné du caucus libéral le 22 mars en prononçant un discours, en larmes, à la Chambre des communes.

« Les allégations portées contre moi sont aussi fausses que celles portées contre vous », a-t-il déclaré le 22 mars en s’adressant aux « deux Michael ».

« À ma famille et en particulier à mes parents qui nous ont amenés ici au Canada […] la vérité nous protégera. »